Des façons de faire qui ne passent pas auprès de Catroux
Dès le mois de janvier 1941, le général Catroux s’était heurté à De Gaulle à propos d’une intervention musclée prévue, par celui-ci et sans consultation du premier, à Djibouti. Catroux écrit :
"Or, il s’agissait d’une opération de caractère à la fois militaire et politique à entreprendre sur un terrain relevant de mes respon-sabilités organiques et sur laquelle j’aurais par suite dû être con-sulté." (Général Catroux, Dans la bataille de Méditerranée, Julliard 1949, page 97)
Placée sous la responsabilité de la division commandée par le général Legentilhomme, il s’agissait, selon Catroux, d’une intervention "à laquelle elle répugnait, contre les Français de Djibouti".
Il décide alors de tirer toutes les conséquences de ce qu’il considère comme un grave manquement aux fonctions très importantes qui lui ont été attribuées et dont il ne peut admettre qu’elles soient ainsi bafouées en sa personne. Il en profite pour nous livrer la conception qui était la sienne des rapports de pouvoir à établir de toute nécessité pour cette vaste entreprise à laquelle il avait cru pouvoir adhérer :
"Ma thèse était que la gestion des affaires de la France Libre exigeait une décentralisation par grands secteurs du globe et que les hommes qui l’assumeraient régionalement, devaient être consultés sur les décisions importantes. La politique du mouvement devait être concertée entre le général De Gaulle et les têtes de la France Libre. Et tel étant mon point de vue, je ne pouvais que me démettre de mes fonctions." (Idem, page 97)
Son offre de démission n’étant destinée qu’à lui permettre de donner toute la force nécessaire à sa mise en garde, Catroux ne va plus cesser de faire ce qu’il veut à sa façon, c’est-à-dire en assumant toutes les responsabilités de la charge qui lui a été confiée, quoi que pût en dire et en penser Charles De Gaulle. Il n’avait certes pas imaginé jusqu’où De Gaulle était capable d’aller pour aboutir malgré tout à ses fins, en Syrie et au Liban, en particulier…