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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 11 mars 2015

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De Gaulle et le gaullisme "historique" : ce cancer qui nous ronge (LV)

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    Un retour à Londres plutôt difficile

    Le 1er septembre 1941, De Gaulle est de retour à Londres. Churchill est dans tous ses états. Mais il n’est pas le seul. Desmond Morton, son proche collaborateur lui signale, dès le 9 septembre, que "certains Français Libres sont presque aussi fatigués que les Anglais du caractère intraitable et du manque de pondération de leur chef ".

    Selon la note établie par De Gaulle lui-même après sa conversation du 12 septembre 1941 avec le Premier ministre britannique :
    "M. Winston Churchill dit que le gouvernement britannique et lui-même ont reçu de multiples sources l’avis que le général De Gaulle avait à diverses occasions pris à l’égard de la Grande-Bretagne une attitude qui laissait l’impression de l’anglophobie." (Lettres, III, pages 59-60)

    Par ailleurs, le Britannique affirme :
    "La Syrie doit devenir indépendante." (Idem, page 61)

    Puis, il souligne ceci :
    "Afin  de donner au gouvernement britannique la possibilité de traiter avec la France Libre dans cet esprit [de guerre à outrance à l’Allemagne que personnifie De Gaulle], le Premier ministre souhaiterait que le général De Gaulle étendît son organisation sur des bases plus larges en constituant un Comité national." (Idem, page 63)

    Mais c’est une autre partie de ce relevé qui va attirer l’attention des Britanniques. Elle était rédigée frauduleusement de la façon suivante par De Gaulle :
    "M. Winston Churchill, abordant la question du mouvement de la France Libre, déclare que le gouvernement britannique y attache une très grande importance et désire en favoriser le développement jusqu’à pouvoir considérer la France libre comme la France même." (Lettres, III, page 62)

    En effet, la formule s’inscrit en faux avec tout ce que nous croyions savoir de la volonté de Churchill de ne surtout pas voir dans De Gaulle la France en tant que telle : jusqu’à preuve du contraire, il n’est donc pas roi de France… ni dictateur, en tout cas pas avec l’aval, ni avec l’appui de la Grande-Bretagne.

    Très étonné, le major Morton demande des explications, que De Gaulle formule le 19 septembre de la façon suivante, qui confirme bien qu’il avait établi une version fautive sur le point essentiel de ce que lui-même appelle les "droits souverains" de la France :
    "Je tiens à vous dire que moi-même n’ai nullement compris que, d’après ce que m’a dit M. Churchill, le fonctionnement d’un Comité national français dût impliquer que le gouvernement de Sa Majesté britannique considérerait le Mouvement Français Libre comme synonyme de la France, ni qu’il considérerait qu’un tel Conseil posséderait des droits souverains." (Lettres, III, pages 65-66)

    Ce qu’il signe, non sans une certaine désinvolture :
    "Bien sincèrement à vous."

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