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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 13 janvier 2015

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De Gaulle et le gaullisme "historique" : ce cancer qui nous ronge (XVIII)

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    Brazzaville, capitale de la France Libre

    Un mois après la catastrophe de Dakar, De Gaulle décide de frapper un grand coup au milieu de son petit royaume : l’Afrique équatoriale française.

    Dans ce qui se trouve intitulé le "Manifeste de Brazzaville", et qui porte la date du 27 octobre 1940, il fait d’abord un état des lieux qui met directement en cause l’ensemble institutionnel formé par le gouvernement de Vichy :
    "Dans son état de servitude, cet organisme ne peut être, et n’est en effet, qu’un instrument utilisé par les ennemis de la France contre l’honneur et l’intérêt du pays. Il faut donc qu’un pouvoir nouveau assume la charge de diriger l’effort français dans la guerre. Les événements m’imposent ce devoir sacré. Je n’y faillirai pas." (Mémoires, page 303)

    Quels sont les événements qui imposent à Charles de Gaulle de recueillir le pouvoir en lieu et place du gouvernement de Vichy ? D’où tirerait-il cette autorité ? De l’avis de la population française qui ne le connaît pas, qui ne sait pas même quelle tête il a ? S’agirait-il, comme il le dit, de "diriger l’effort français dans la guerre", la démonstration ne vient-elle pas d’être faite, à Dakar, de sa totale incompétence dans ce domaine ? Ne faudrait-il pas qu’en la matière, il s’efforce d’obtenir un minimum de résultats qui ne dépendraient plus seulement des Britanniques, et de Winston Churchill tout particulièrement ? N’est-il pas précisément au pire moment de sa période probatoire, pour oser se pousser sur le devant de la scène militaire ?

    Tout au contraire, le voici qui se saisit de la France sans que plus aucune Française, plus aucun Français, ne puissent trouver à y redire. Pour le passé, pour le présent et pour l’avenir, tout ce que fera De Gaulle devra être assumé par la France. Titulaire autoproclamé de la souveraineté française sise désormais à Dakar, c’est à lui et à lui seul que toutes les Françaises et tous les Français vont devoir d’être encore la France. Par eux-mêmes, par elles-mêmes, ils et elles ne sont plus qu’une masse politique amorphe à laquelle il est chargé de donner la forme qui convient jusqu’au jour où…
    "J’exercerai mes pouvoirs au nom de la France et uniquement pour la défendre et je prends l’engagement solennel de rendre compte de mes actes aux représentants du peuple français dès qu’il lui aura été possible d’en désigner librement." (Idem, page 303)

    Comme on le voit, jusqu’à ce moment-là, Charles De Gaulle va pouvoir faire tout et n’importe quoi sous le couvert du nom de la France. C’est effectivement dans ce cadre qu’il a pris, avant les premières élections générales d’octobre 1945, les deux décisions au bout desquelles il y aurait deux millions de morts à mettre au crédit de la France… qui y perdra elle-même 315 000 de ses nationaux.

    Quant au fait de rendre compte de ses actes devant les représentants du peuple français, il sera soigneusement évité en particulier en offrant Jean Moulin à la trahison d’un duo chargé, avec quelques autres, de l’exécution des basses œuvres : Groussard-Bénouville.

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