Quand Sa Nullité distribue des médailles…
La faillite à Dakar, et le sang français qu’elle a coûté, n’avait bien sûr pas amélioré la réputation du général De Gaulle : les ralliements, déjà bien rares, se tarissent gravement. C’est alors que notre homme, en un geste pathétique vu sa pauvre situation, va se tourner vers son modèle (sic !), le Napoléon de la Légion d’Honneur.
Depuis Brazzaville (Congo français), il se fend d’un télégramme pour le colonel Fontaine, à Londres, le 15 novembre 1940 :
"J’ai décidé de créer un ordre ayant pour titre « Ordre de la Libération » avec, comme décoration, la croix de la Libération ; les titulaires de cet ordre porteront le titre de « Croisés de la Libération »."
Oui, Charles est très catholique. Sa maman l’était aussi. Et comme il s’apprête à intervenir au Levant…
Justement, faisons un petit retour en arrière. Le télégramme du 22 septembre 1940 dans lequel il annonce au général Catroux la brillante destinée qu’il lui réserve, d’abord au Levant, puis en Afrique du Nord, comporte aussi cette petite indication :
"Pour le Levant, il s’agit en somme de prendre en main l’exercice du mandat et en même temps l’autorité totale, de reformer les troupes, de prêter au général Wavell un franc concours militaire et aérien, de calmer les ambitions turques et arabes." (Lettres, page 120)
Il y a donc de la croisade là-dedans.
Revenons vite à la croix de la Libération :
"L’intention de cet ordre est de reconnaître les services des militaires et des civils qui ont rendu des services distingués à la cause de la libération de la France." (Lettres, page 167)
Croit-on vraiment qu’un seul jour, De Gaulle lui-même l’ait méritée ? Mais l’attribuer, ça, il va nous le faire, et avec minutie et doigté.