L'amiral Muselier et André Labarthe selon Desmond Morton
Il existe un document qui fait le point de la situation scabreuse dans laquelle se trouve Charles De Gaulle auprès des Britanniques dans les semaines qui précèdent l'arrivée de Jean Moulin à Londres. Il paraît émaner du conseiller principal de Churchill pour les affaires françaises, Desmond Morton, qui écrit à ce moment-là :
"Je crois que la cause des Français libres, dans la mesure où elle est indépendante de De Gaulle et gérée par nous, i.e. les programmes français de la B.B.C., ou par des indépendants, comme France Libre de Labarthe, est un avantage pour nous dans notre effort de guerre, mais que De Gaulle est un handicap. Son principal souci paraît être de battre Vichy plutôt que les Allemands et de se glorifier lui-même. Il est antibritannique, antidémocrate et vaniteux. Il est même déloyal à Winston lui-même. Après un entretien avec lui, il s'est ouvertement vanté devant les siens d'avoir gagné du temps et mis Winston sur la défensive. Que son leadership soit un échec est généralement admis et est démontré par le nombre insignifiant de Français blancs qui l'ont rallié." (Baynac, page 247)
Quant à l'impression que les Britanniques reçoivent du rôle de l'amiral Muselier au beau milieu d'une France Libre déliquescente, elle est tout autre :
"Le personnel militaire et civil de De Gaulle, des marins dépendants de lui, est reconnu inefficace, mais cela n'est pas vrai de la direction de la marine sous Muselier à Westminster House. L'atmosphère y est entièrement différente de celle de Carlton Gardens. Muselier est beaucoup plus humain et compréhensif que De Gaulle. Il a du courage, mais malheureusement sa santé n'est pas très bonne. Il travaille loyalement avec l'Amirauté, et son chef d'état-major Moret [Moullec] (que De Gaulle déteste) est réputé être le plus efficace officier d'état-major des Forces Françaises Libres." (Baynac, page 247)
Labarthe, Muselier et Moullec : la toute dernière chance d'une France libérée, à Londres, de Charles De Gaulle...