Un grand chef qui s’ennuie
Par télégramme émis de Londres le 10 décembre 1940, le général Charles De Gaulle, chef des Français libres entame la distribution du joujou qu’il a enfin à sa disposition. Il se tourne d’abord vers le général de Larminat, à Brazzaville ; le général Catroux, au Caire ; le gouverneur Sautot, à Nouméa et le gouverneur Bonvin, à Pondichéry. Mais une note de bas de page (la devons-nous au toujours très avisé Philippe de Gaulle ?) nous indique que le surlendemain, un télégramme semblable rejoindra :
"Quiribet à Bombay, Barbé à Tokyo, Egal à Shangaï, Piraud à Santiago du Chili, Guérin à Buenos Aires, Halty à Montevideo, Soustelle à Mexico, Brenac à Sydney et Schompré à Singapour." (Idem, page 189)
Ce que c’est qu’une médaille, tout de même !... Les vrais libérateurs de la France sont vraiment partout. C’est un divin plaisir !
D’ailleurs, la même note nous en dit plus encore sur les détails de la manœuvre, car, bien sûr, l’essentiel réside dans le détail, s’agissant d’une pareille pépite :
"Le chiffre des noms à proposer varie de un à sept. Le Général leur précisera que « ces promotions pourront comprendre un petit nombre d’étrangers »." (Idem, page 189)
Excellent, pour la pub !
Nous avons donc les destinataires du télégramme, mais nous n’avons pas encore le contenu de celui-ci. En voici trois morceaux significatifs :
"Je désire faire pour le 1er janvier une promotion importante dans l’Ordre de la Libération." (page 189)
À défaut de faire autre chose… Alors, la médaille en promo !...
"Le nombre des noms à proposer ne devra pas dépasser environ deux cents pour l’Afrique française libre, trente pour l’Orient, cinquante pour le Pacifique, six pour les Établissements français de l’Inde."
Saupoudrage assez bien venu. La soupe devrait être bonne…
"Avez-vous des noms à me proposer pour des personnes qualifiées, militaires ou civils, y compris des simples soldats pour faire partie du conseil de l’ordre des Croisés de la Libération ?" (page 190)
En ce qui concerne les "simples soldats", nous sentons bien toute la répugnance qu’éprouve notre chef de cuisine… Mais nous ne savons pas encore de quoi elle est faite, ni à quel niveau elle frappe.
Qui vivra verra.