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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 15 janvier 2015

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Pourquoi et comment ils ont tué Muammar Gaddhafi - Série A - numéro 18

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    Bulgarie et Europe : tout pour les inculpés, rien pour les enfants contaminés et leurs familles

    Selon la chronologie établie par Axel Poniatowski pour le compte de la Commission d'enquête, le verdict est tombé le
    "6 mai 2004 : les infirmières bulgares et le médecin palestinien sont condamnés à la peine de mort, le docteur Zdravko Gueorguiev à 4 ans de prison mais il est relâché, tandis que les neuf accusés libyens sont acquittés. Les 6 condamnés à mort font appel."

     Remarquons tout d'abord que cette justice populaire n'a pas été expéditive. La condamnation en première instance survient quatre ans et trois mois après l'arrestation des suspects. Et, comme nous le voyons aussi, près des deux tiers des inculpés échappent à toute peine au-delà du temps de détention déjà effectué. On dira qu'il y a six condamnations à mort, mais il s'agit d'une affaire où des centaines d'enfants ont été contaminés, tandis que quelques dizaines d'entre eux avaient déjà trouvé la mort.

     Or, si des condamnations à mort ont été prononcées, il reste maintenant à voir ce qui pourra se passer en appel.

     Rappelons encore que, selon Montagnier et son collègue italien, mais contre l'avis de tous les médecins libyens, et dans un silence plus que surprenant de la mission constituée par l'Organisation mondiale de la santé à partir de sa base égyptienne, les infirmières et le médecin pouvaient être démontrés non coupables par la science médicale la plus pointue.

     Dans ce cas, comment cette science s'explique-t-elle l'épidémie de sida ? Par une affirmation plus ou moins farfelue : infection survenue avant l'arrivée des infirmières bulgares et du médecin palestinien. On dirait qu'il faut trouver quelque chose pour les disculper, elles et lui, tout spécialement. Ensuite, propagation due à de mauvaises conditions sanitaires et techniques, mais de la part d'un personnel dont on dit simultanément qu'il était correctement formé.

     Et puis voilà que cette tragédie inouïe est intervenue à Benghazi, dans la région la plus rebelle du pays... alors que les Américains ont dès longtemps espéré qu'elle finisse par exploser véritablement...

     La suite de la chronologie fait apparaître les différentes visites rendues, dès lors que les peines de mort sont prononcées, par les responsables bulgares et européens, la plus remarquable étant celle qui verra, pour la première fois, l'un de ces étrangers rendre visite aux enfants malades et à leurs familles. La voici, telle qu'Axel Poniatowski la rapporte :
    "24 – 25 mai 2005 : visite de Mme Benita Ferrero-Waldner aux enfants malades et à leurs familles à Benghazi, aux prisonniers à Tripoli, aux autorités et au colonel Kadhafi."

    Cela se passe donc un peu moins de sept ans après que l'épidémie ait éclaté (été 1998)..., mais aussi trois ans et six mois après qu'une première venue d'un étranger, en l'occurrence le ministre des Affaires étrangères rendant visite à ses compatriotes infirmières, ait eu lieu (décembre 2001).

    Or, n'oublions pas le désarroi ni la colère de la population de Benghazi... Avait-on espéré l'aider un peu à se révolter, en manifestant un tel dédain pour elle, les enfants et leurs familles... tandis que le gouvernement libyen, tout au contraire, distribuait autant d'argent et d'attentions qu'il le pouvait ?

    Autre événement relevé par la chronologie établie :
    "7 juin 2005 : les officiers libyens poursuivis pour actes de tortures envers les infirmières sont acquittés."

    Mais ici le rapporteur ne fournit aucune explication supplémentaire... et se garde bien de contester quoi que ce soit.

    Confirmant la première décision, après que le recours en appel ait été admis, le second procès se termine le
    "19 décembre 2006 : la peine capitale est confirmée en appel. 16 février 2007 : les condamnés se pourvoient en cassation."

    Sept mois plus tard :
    "11 juillet 2007 : la cour de cassation (Cour suprême de Libye) confirme la condamnation à la peine de mort des six inculpés."

    Nous en sommes donc à plus de huit ans après les arrestations initiales.

    Nouveau rebondissement au milieu de cette dictature libyenne intraitable :
    "17 juillet 2007 : la peine de mort est commuée en réclusion criminelle à perpétuité par le Haut conseil libyen."

    Désormais, nous allons pouvoir reprendre le cours du rapport lui-même, sans omettre de souligner que nous n'entendons ici que la version officielle française de l'ensemble d'une affaire dans laquelle on voit que la Libye est, d'un bout à l'autre, considérée comme coupable à l'évidence, et sans qu'il soit besoin d'apporter aucun argument qui puisse fonder cette culpabilité.

    (référence permanente pour la Libye de Muammar Gaddhafi : http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr)

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