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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 16 janvier 2015

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Pourquoi et comment ils ont tué Muammar Gaddhafi - Série A - numéro 19

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

    N'avoue jamais, ou alors seulement sous la "torture"... (martingale des vrais filous)

    Cette seconde partie du Rapport élaboré par Axel Poniatowski pour le compte de la Commission d'enquête sur les conditions de libération des infirmières et du médecin bulgares détenus en Libye débute par un passage très émouvant, qui dépasse certainement en intérêt tout ce qui aura pu être dit sur le drame que peut être une épidémie frappant des centaines d'enfants tout en en tuant quelques dizaines, et sans que la science la plus pointue lui ait trouvé une autre origine que de mauvaises conditions d'hygiène, tandis que, tout de même, il lui a fallu admettre que certaines manipulations de seringues avaient pu intervenir, mais rien que par un très étrange laisser-aller parmi un personnel reconnu, par ailleurs, comme bien formé :
    "A/ Huit ans de cauchemar. Au cours de l’audition des infirmières bulgares et du médecin d’origine palestinienne, le 8 novembre 2007, les membres de la commission ont unanimement souhaité exprimer à ces derniers leur émotion face aux souffrances endurées. Pour la commission d’enquête, il n’était pas possible de prétendre vouloir s’interroger sur les conditions de leur libération, sans mieux connaître le drame que les six otages avaient vécu. C’est pour cette raison qu’ils ont été les premiers à être invités à s’exprimer devant elle pour témoigner de leurs épreuves."

    "Souffrances endurées", "le drame que les six otages avaient vécu", "leurs épreuves"...

    Certainement un emprisonnement n'est pas la situation la plus agréable au monde. Mais celui-ci avait tout de même sa raison d'être, comme dans bien d'autres affaires criminelles : des enfants malades par centaines et tués par dizaines. La seule question est alors de savoir si les personnes incriminées étaient coupables ou pas, et à travers quelles preuves, quels témoignages, etc.

    Mais nous le savons, grâce au probable Montagnier ("je le jure !"), il n'y a même pas à y réfléchir deux secondes : il est hors de question que ces gens-là soient coupables.

    Donc, ce sont effectivement des martyrs ! Avec toutes ces "souffrances endurées", "drame vécu" et autres "épreuves".

    Tortures psychiques comme en toute situation comparable, mais, dans leur cas, tortures également physiques... Non reconnues par le tribunal de la dictature de Kadhafi ! Et donc avérées pour nous, la France !... qui n'avons certainement pas besoin d'en savoir plus. Ce serait torturer encore.

    Axel ne s'y trompe pas, qui s'interpose entre une curiosité évidemment malsaine et ces pauvres malheureux :
    "La commission d’enquête s’est refusée à interroger les condamnés sur les tortures subies pendant leur détention, dont l’horreur lui était déjà connue par des déclarations antérieures."

    Des "déclarations antérieures"... Allons bon ! Où ça ? Quand ça ?

   Seraient-ce celles qui apparaissent dans l'ouvrage sorti avant le début des travaux de la Commission d'enquête : "Dans les geôles de Kadhafi – L'avocat des infirmières parle", Emmanuel Altit, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2007) ?

    Effectivement, c'est du très chaud... Tellement que Françoise Petitdemange écrit dans "La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011)", à propos des infirmières et du médecin :
    "Après bien des visites, elles-il racontent, à des avocats venus de France, des séances de tortures qui paraissent davantage être des récits imaginaires plutôt que des faits réels tant les détails laissent à penser que personne, ni homme, ni femme, ne pourraient survivre à de pareils traitements physiques et psychiques." (page 407)

    Axel aurait-il pressenti que la nouvelle mouture risquait d'être encore plus explosive... et invraisemblable, surtout.

    Donc, nous voici devant de vrais martyrs. Ce qui ne peut être que parfaitement réconfortant.

    Mais ne pas les interroger en direct, ne veut pas dire se refuser à citer des propos antérieurs soigneusement choisis... hors émotion toujours possible in vivo... Vas-y, Axel...
    "En mai 2005, quatre des soignants étrangers ont ainsi confié à l’organisation Human Rights Watch qu’ils avaient subi des actes de torture, en particulier des coups, des chocs électriques et des agressions sexuelles."

    "Mai 2005"... Rappelons ce que le rapporteur nous avait précédemment indiqué :
    "7 juin 2005 : les officiers libyens poursuivis pour actes de tortures envers les infirmières sont acquittés", et qu'il aurait pu nous redire ici, ne serait-ce que pour être équitable... Encore que, dans une dictature sanguinaire, etc.

    Mais pourquoi était-il donc devenu si nécessaire d'insister sur d'éventuelles tortures ? C'est ce que nous verrons dans la suite.

(référence permanente à propos de la Libye de Muammar Gaddhafi : http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr)

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