La première sainte de la Grande Europe
Dès son départ, l'intervention de l'Union européenne aura été placée, par celle-ci, sous la bannière grâce à laquelle l'Occident impérialiste prétend pouvoir s'introduire partout dans le monde. Voilà comment cela se manifeste sous la plume du rapporteur de la Commission d'enquête, Axel Poniatowski, qui se réfère ici au printemps 2004, cinq ans après la décision d'emprisonnement des inculpés :
"En parallèle, M. Xavier Marchal a effectué la première visite de la Commission centrée spécifiquement sur l’affaire de Benghazi, du 10 au 13 juin, marquant ainsi la volonté de l’Union européenne de ne pas accepter une violation des droits de l’Homme aussi flagrante."
Ce qui est donc mis en cause ici, c'est un jugement émis par les tribunaux libyens à propos d'une affaire qui avait occasionné la contamination par le virus du sida de plusieurs centaines d'enfants parmi lesquels quelques dizaines avaient déjà péri... Les droits de l'homme sont ainsi invoqués pour venir au secours de personnages dont l'éventuelle culpabilité n'a pu être battue en brèche qu'en proposant, pour causes de la contamination, les contes à dormir debout d'un Montagnier, appuyé, pour l'occasion, par rien moins que 144 prix Nobel... La grosse artillerie, en quelque sorte. Voilà donc comment procède très habituellement la "communauté internationale"... en attendant d'envoyer les bombes qui détruisent entièrement les pays concernés : Irak, Libye, Syrie, etc. C'est sa façon, à elle, de rendre la justice... impérialiste.
En ce qui le concerne plus particulièrement, Axel Poniatowski l'affirme sans la moindre retenue :
"L’objet de ces visites prouve le souhait de la Commission européenne de ne pas dissocier la normalisation de ses relations avec la Libye et l’affaire des soignants de Benghazi."
C'est donc bien une affaire de propagande. L'Europe n'aura accepté de renouer avec cet Etat "voyou" que parce que celui-ci aura fait amende honorable, démontrant ainsi qu'effectivement il n'avait pas rempli ses devoirs relativement à telle ou telle rubrique des droits de l'homme occidentaux qui exigent, en l'occurrence, que l'on se soucie comme de rien, de la maladie de centaines d'enfants et de la mort de dizaines... dans un pays aussi peu intéressant que la Libye.
Les droits de l'homme seraient-ils aussi magnanimes si la même affaire venait à se produire en France ? À partir d'un personnel assez largement d'origine étrangère ?... Dont il se révélerait que le quotidien est entâché de tel ou tel petit trafic que la loi française condamne ?...
Revenons à la Libye, où nous rencontrons un phénomène digne d'attirer notre attention : dans cette affaire, il y aura même eu l'intervention d'une sainte femme...
"B/ La générosité et la détermination de Mme Benita Ferrero-Waldner, commissaire européen."
Sainte... parce que parfaitement innocente. C'est ce qui lui donne tant de charme. Axel en est d'ailleurs resté tout chose. N'a-t-elle pas déclaré, devant lui et devant Pierre Moscovici, lors de la visite qu'ils lui ont rendue tout spécialement – elle avait refusé d'étaler sa sainteté devant la Commission elle-même :
"À l’époque, il s’agissait pour moi d’un dossier humanitaire et je n’imaginais aucunement qu’il pourrait prendre une telle ampleur. Tout ce qui me motivait, c’était le côté personnel, humain de l’affaire."
Cette dame ne serait-elle pas sortie tout droit d'un couvent, pour savoir si bien minauder dans le caritatif ? Non, pas vraiment puisque, comme le brave Axel nous le signale :
"La mise en œuvre du plan d’action humanitaire de l’Union européenne doit beaucoup à la personnalité de Mme Benita Ferrero-Waldner, ancien ministre des affaires étrangères d’Autriche, devenue commissaire européen aux relations extérieures le 22 novembre 2004."
Voilà qui nous rassure. L'Europe n'est pas vraiment tombée, à travers cette dame, dans des mains trop fragiles... Alors, où est donc le miracle ? Qu'a-t-elle fait de si remarquable, cette égérie des droits de l'homme ?
Ce grand metteur en scène d'Axel Poniatowski nous met décidément l'eau à la bouche :
"L’implication personnelle de Mme Benita Ferrero-Waldner a été décisive dans le traitement de ce dossier."
La phrase qui suit immédiatement, nous montre qu'il y avait effectivement un os, et pas trop petit :
"Juridiquement, rien n’obligeait la Commission européenne à se pencher sur le sort de ressortissants d’un pays qui n’était pas encore membre de l’Union."
L'os est plus gros que ne veut bien nous le dire Axel. En effet, il y a ici un verbe qui n'est pas du tout de saison : ce n'est pas que rien n'obligeait la Commission à..., c'est que rien ne permettait à la Commission de.
Par ailleurs, il faut y revenir... Pendant longtemps, on n'en avait strictement rien à faire de ces prétendus otages :
"Les infirmières et le médecin sont restés en prison ou assignés à résidence pendant 5 ans, en étant sous le coup d’une peine de mort, avant que des initiatives politiques sérieuses visant à leur libération se mettent en place."
Il fallait donc un miracle pour surmonter, à la fois, le désintérêt humain généralisé..., et l'absence de possibilité juridique d'intervention...
C'est alors que survint Benita (phrase immédiatement suivante), première sainte du XXIème siècle :
"En se saisissant de cette affaire, Mme Benita Ferrero-Waldner a fait preuve d’une générosité qui a honoré sa personne et sa fonction, ainsi que d’une détermination sans faille."
C'est comme ça qu'on les aime... en attendant les bombardements qui ne seront que le prolongement bien préparé de leur sainteté bien entendue.
Or, ce que sainte Benita a fait, ce qu'elle a réussi à faire, est proprement stupéfiant. Rien qu'à le lire, on en est bouleversés... Jamais, avant elle, personne ne l'avait tenté, en Occident :
"Ses visites en Libye auprès des familles des enfants ont été décisives pour modifier la perception des habitants de Benghazi sur la réalité des événements et les amener à accorder leur pardon en échange d’une indemnisation."
Mais oui, cinq ans après, les droits de l'homme ont constaté, par la personne même de leur sainte, qu'il y avait des enfants en Libye... Mais oui, des enfants contaminés par le virus du sida... Incroyable !
Et "décisif " ! C'est Ponia qui l'affirme.
(référence permanente à propos de la Libye de Muammar Gaddhafi : http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr)