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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 18 novembre 2014

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Faussaires de l'économie - 18 : Pour s'en tenir à la répartition, d'abord passer Karl Marx et l'URSS par pertes et profits

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Si Thomas Piketty n'a pas vraiment vu la Révolution bolchevique, il en a cependant entendu parler... Mais elle ne l'intéresse pas du tout, assuré qu'il est de n'y trouver que du mal pour l'ensemble des populations travailleuses du monde occidental, et d'abord parce qu'elle était mal venue :

"La révolution communiste a bien eu lieu, mais dans le pays le plus attardé d'Europe, celui où la révolution industrielle avait à peine commencé (la Russie), pendant que les pays européens les plus avancés exploraient d'autres voies, sociales-démocrates, fort heureusement pour leurs populations."

Ce qui est sûr, c'est que Thomas Piketty ne paraît pas avoir entendu parler de Stalingrad (fin 1942 - début 1943). Ni pour en tirer la leçon de l'extraordinaire réussite du développement de l'économie soviétique en un peu plus de deux décennies. Ni pour rendre grâce à l'U.R.S.S. de la toute petite aide qu'elle aura ainsi apportée au maintien d'un minimum de démocratie dans une Europe qui risquait tout bonnement de ne plus déguster pour longtemps que de l'Hitler, du Mussolini, du Franco,  et de ces quelques autres qui n'auraient pas manquer d'apparaître ici ou là.

Ainsi, et c'est Thomas Piketty qui en fait lui-même l'aveu auprès de la mémoire de Karl Marx, "la révolution communiste a bien eu lieu", et ceci trente-quatre seulement après la mort du grand penseur de la condition prolétarienne.

Elle a tout bouleversé, y compris l'achèvement de la Première Guerre mondiale, achèvement qui n'aura été conçu que comme un entracte permettant à l'Allemagne de reconstituer ses forces tout en stabilisant son propre système de propriété privée des moyens de production et d'échange, pour pouvoir une vingtaine d'années plus tard s'en prendre à ce pays qui était animé, d'un bout à l'autre de son immense territoire, par la pensée de Karl Marx, et tout spécialement en regard des enjeux du progrès technique et de la croissance de la productivité, deux éléments qui rendent particulièrement superfétatoire la condescendance dont Thomas Piketty croit pouvoir se parer sans avoir manifestement consacré plus qu'un rapide survol à une oeuvre qui n'attend que de rencontrer chez lui un vrai lecteur. Aura-t-il jamais rencontré la plus value-relative ? Ou bien l'aura-t-il totalement oubliée pour parvenir à écrire ceci :

"De même que les auteurs précédents, Marx a totalement négligé la possibilité d'un progrès technique durable et d'une croissance continue de la productivité, force dont nous verrons qu'elle permet d'équilibrer - dans une certaine mesure - le processus d'accumulation et de concentration croissante du capital privé. Sans doute manquait-il de données statistiques pour affiner ses prédictions. Sans doute aussi est-il victime du fait qu'il avait fixé ses conclusions dès 1848, avant même d'entreprendre les recherches susceptibles de les justifier."

En tout cas, n'accorder aucune importance à l'existence de l'U.R.S.S. dans l'évolution, au vingtième siècle, des modalités d'extorsion de la plus-value, c'est s'interdire de comprendre quoi que ce soit aux statistiques et à tout l'appareil de recherche qu'il est effectivement nécessaire de mettre en oeuvre pour penser pouvoir comprendre quoi que ce soit... aux enjeux de répartition d'aujourd'hui, faute justement d'avoir laissé la moindre place à l'exploitation elle-même.

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