Le 1er mai, pas de billet de sortie pour les ouvriers
Dans le cadre de la nouvelle croisade de la Libération, quelle place faire au travail ? Question cruciale qui se pose à Charles De Gaulle lorsque le 1er mai 1941 approche. Question que, depuis Londres, René Pleven lui a transmise. Il se prononce le 25 avril, depuis Brazzaville :
"Je réponds à vos télégrammes n° 3231 et 3268 au sujet du 1er mai. Voici le texte de ma communication qu’il faudra faire lire à la radio de Londres comme télégraphié par moi d’un poste du Tchad :
« L’ordre nouveau de l’ennemi et de ses collaborateurs, c’est la servitude. Les ouvriers français veulent le travail dans la liberté. Ils ne participeront pas, le 1er mai, aux mascarades organisées par Hitler et par Vichy. En s’enfermant le 1er mai dans la dignité du silence, les ouvriers français manifesteront leur mépris pour les traîtres et leur espoir dans la Libération." (Lettres, pages 306-307)
Est-ce un louable souci de la sécurité des éventuels manifestants ? Est-ce éviter aux ouvriers de paraître sur la place publique pour les retenir dans l’ombre de l’apolitisme ?
Avant de répondre à cette question, nous sommes appelés à une urgence, puisqu’il paraît que Catroux a fait une bêtise avec les croix de la Libération. Vite, depuis Brazzaville toujours, le général De Gaulle fait télégraphier au Caire :
"La radio de Londres m’apprend que vous auriez décerné croix de Libération à un de nos pilotes. En vertu de l’ordonnance qui a institué l’ordre, je me réserve personnellement les nominations qu’il vous appartient de me proposer. Il en est de même pour les citations à l’ordre de l’armée et pour les médailles militaires, sauf cas d’urgence pour ces dernières." (Lettres, page 307)
Mais ce n’est pas tout :
"D’autre part, j’ai décidé de décerner la croix de la Libération aux officiers et hommes de troupe qui seront cités à l’ordre de l’armée pour l’affaire de Keren. Mais il va sans dire que la citation à l’ordre de l’armée n’entraîne pas du tout d’une manière automatique l’admission dans l’ordre de la Libération. Je vous prie de notifier ceci aux formations placées sous votre autorité." (Lettres, page 307)
Il faut décidément tout leur dire.
Où donc en étions-nous. Ah oui ! le 1er mai… Laissons ce détail, qui sera d’ailleurs parfaitement réglé par le maintien des ouvriers au bercail. Passons aux choses sérieuses…
(pour celles et ceux qui voudraient se détendre un peu en allant consulter l'adolescence du Chef, c'est ici :
http://crimesdedegaulle.canalblog.com)