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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 19 décembre 2014

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De Gaulle et le gaullisme "historique" : ce cancer qui nous ronge (I)

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De Gaulle, Le Pen... Ils s'y perdent, les Françaises et les Français... Entre la Légende du premier (rappelons Alain Peyrefitte : "La vérité de De Gaulle, c'est sa légende"), et l'incorporation du second dans des figures féminines tout de même inattendues si l'on songe à ce terrible bandeau noir qui a quelquefois terrorisé nos enfances, c'est la réalité même de notre vie politique qui paraît chavirer.
De Gaulle, c'est donc la statue du Commandeur. Même pour les communistes... Surtout pour les communistes. Et puis pour tous les anciens contestataires... Même les plus virulents... Quant aux socialistes, centristes, gaullistes, etc... n'en parlons pas.
Enfoncée depuis bien longtemps sur le front d'un Voltaire qui n'est, bien sûr, pas ce qu'on lui a donné à butiner dès le plus jeune âge (http://voltairecriminel.canalblog.com), la conscience politique française d'aujourd'hui est honteusement soumise à l'image d'un homme qui aura obtenu de faire tomber Jean Moulin aux mains des nazis, pour ensuite se trouver, directement et indirectement, à l'origine de la mort de plus de deux millions d'humains, dont 315 000 Françaises et Français (http://crimesdedegaulle.canalblog.com).
Or, comme la France politique prétend elle-même  repartir sur le chemin de la guerre - avec cet instrument parfaitement adéquat qu'est la Constitution de 1958-1962-, le moment est venu de lui dire "halte-là", en faisant une mise au point historique qui ne pourrait manquer d'entraîner moult conséquences sur l'ensemble du débat politique si... Mais c'est une autre histoire.

Arrêtons-nous tout d'abord à ceci : Charles de Gaulle chez les diaboliques…

Dans le premier tome de ses "Mémoires" - publié en 1954 -, De Gaulle s’avance, un peu plus qu’il ne l’a fait pendant toute la période de la France Libre, sur la trahison politico-militaire qui a, en réalité, pesé de tout son poids dans la défaite française de mai-juin 1940. Nous y lisons ceci :
"Il faut dire que certains milieux voulaient voir l’ennemi bien plutôt dans Staline que dans Hitler. Ils se souciaient des moyens de frapper la Russie, soit en aidant la Finlande, soit en bombardant Bakou, soit en débarquant à Stamboul, beaucoup plus que de la façon de venir à bout du Reich." (Mémoires de guerre, page 26)

"Certains milieux" ?... Allons bon !... Mais qui ça, donc ? Rien que Paul Reynaud, par exemple… En effet, deux jours après son accession à la présidence du Conseil, il câblait à l’allié britannique :
"Pour ressaisir l'initiative qui leur a échappé, il importe que les deux Gouvernements, forts de l'enseignement des derniers événements, s'appliquent sans tarder à dégager des circonstances présentes toutes les possibilités qu'une conduite énergique et audacieuse de la guerre leur permet encore d'exploiter." (books.google.fr papiers 1940, papiers Dejean, 1)

Paul Reynaud évoque d'abord le contrôle des eaux territoriales norvégiennes, puis...
"Sur la mer Noire et la Caspienne, une opération aussi décisive s'impose aux Alliés non seulement pour restreindre le ravitaillement en pétrole de l'Allemagne, mais surtout pour frapper de paralysie toute l'économie de l'U.R.S.S. avant que le Reich n'ait réussi à la mobiliser à son profit." (Idem)

Il y a cependant une difficulté de taille :
"L'absence d'un état de guerre entre les Alliés et la Russie sera peut-être considérée par le Gouvernement anglais comme un empêchement juridique à cette entreprise. Le Gouvernement français ne méconnaît pas cet obstacle. Il estime, pour sa part, que nous ne devons pas hésiter à l'écarter, en assumant, s'il le faut, la responsabilité d'une rupture avec l'U.R.S.S." (Idem)

De sorte que…
"[…] le Gouvernement français est prêt, si le Gouvernement anglais le juge nécessaire, pour l'entreprise d'une action militaire au Caucase, à examiner immédiatement avec le Cabinet de Londres la meilleure justification à invoquer pour mettre fin à nos relations diplomatiques avec un gouvernement dont nous condamnons les dernières spoliations et dénonçons la collusion, chaque jour plus affirmée, avec le Gouvernement allemand." (Idem)

Vraiment, comptait-on désormais faire la peau à la fois à l'Allemagne et à l'U.R.S.S.? Évidemment non!... Faut-il, en conséquence, retenir ici la petite voix qui annonce la trahison des élites françaises :  "Hitler, Hitler, m'entends-tu?"
Et qu’il entende quoi ? Qu’il s’agissait, comme nous venons de le lire sous la plume de Paul Reynaud, de "frapper de paralysie toute l'économie de l'U.R.S.S." non pas, bien sûr, "avant que le Reich n'ait réussi à la mobiliser à son profit" : mais pour l’offrir toute crue aux forces nazies arrivant par l’autre côté…

La "collaboration" n’a évidemment pas été l’exclusivité du couple infernal qu’on nous pousse toujours sur le devant de la scène : Pétain et Laval, Laval et Pétain.

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