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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 22 janvier 2015

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Pourquoi et comment ils ont tué Muammar Gaddhafi - Série A - numéro 24

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    La mort, la mort, la mort

    Avec Axel Poniatowski, nous arrivons aux choses sérieuses :
    "Le 8 septembre [2003], le procureur requiert la peine de mort et l’avocat de la partie civile demande un dédommagement de 4,3 milliards de dollars pour les enfants contaminés (soit 10 millions de dollars par enfant)."

    Pourquoi 10 millions de dollars par enfant ? Ouvrons l'ouvrage "La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011)" de Françoise Petitdemange à la page 387, là où figure cet intitulé en caractères gras : "Lockerbie : des milliards à glaner". Il s'agit de cet avion qui a explosé au dessus de l'Écosse le 21 décembre 1988, entraînant la mort de 270 personnes dont 170 États-Uniens.

    Dans le dernier tiers de cette même page, l'auteuse écrit :
    "Manifestement, il faut trouver l'argent pour faire taire les familles et, donc, il faut soutirer l'argent à ce riche pays africain pour indemniser les familles des victimes... des victimes de qui, au juste ? des agents de la CIA ? Bientôt les États-Unis réclament, sans vergogne, 4 milliards de dollars, mais la Libye parviendra, en 2002, à force de discussions, à ramener les prétentions de ses interlocuteurs, à la baisse, d'abord à 1 milliard."

    Voilà qui situe les "4,3 milliards de dollars pour les enfants contaminés". Quant à l'ensemble du dossier Lockerbie, qui ne peut être développé ici, l'analyse détaillée et motivée s'en trouve dans le livre de Françoise Petitdemange.

    Redonnons aussitôt la parole au rapporteur de la Commission d'enquête sur les conditions de libération des infirmières et du médecin bulgares détenus en Libye :
    "Après l’audition des deux experts internationaux, les médias étrangers qui avaient été autorisés à assister aux audiences ont pris la défense des soignants étrangers ; la BBC a diffusé un reportage intitulé « les infirmières bulgares n’ont pas diffusé le sida »."

    Tiens, revoilà l'autre... "Je le jure !" Et son compère que nous ne connaissons guère. Comme on le voit, les micros étaient là... Et les caméras... Pour enregistrer une parole d'or... La voix de l'Occident ? Dans ce cas, Montagnier ne serait pas seulement un héros national, mais le représentant scientifique de l'inénarrable "Communauté internationale". Nous ne pouvons manquer d'éprouver un certain sentiment de fierté : en ce qui concerne le sida, nous autres, Français(e)s, nous sommes vraiment des chefs !

    Malheureusement, les sauvages de Libye, maintenus par la poigne de fer du dictateur Kadhafi n'y ont rien compris. C'est ce qui ressort de la suite des propos d'Axel Poniatowski, rapporteur :
    "Le 6 mai 2004, les infirmières bulgares et le médecin palestinien reconnus coupables d’avoir causé la mort de 46 enfants et d’en avoir infecté 380 autres par le VIH sont, pour la première fois, condamnés à la peine capitale. Le médecin bulgare, Zdravko Gueorguiev, reconnu coupable de trafic de devises et condamné à quatre ans de prison est libéré immédiatement compte tenu de la durée de sa détention préventive, tandis que les neuf accusés libyens sont acquittés. Les six condamnés à mort font appel."

    Allons bon, un trafic de devises !... Condamnation sans preuves ? Après aveu recueilli sous une torture qui vous découpe en petits morceaux ? Vraisemblablement... Notons que, comme ce médecin libéré, les neuf libyens, s'ils ont été interpellés en même temps que les autres inculpés, ont tout de même effectué plus de cinq ans de prison. Pourquoi Axel ne nous dit-il rien de ce qu'étaient les motifs de leur mise en cause dans cette affaire qui fait ressortir un ensemble de phénomènes délictueux ou criminels manifestement entrecroisés, comme si nous avions affaire à un micro-société insérée dans la société libyenne ?...

    Passons à la deuxième étape. Une nouvelle fois, Axel Poniatowski ne peut que constater les dégâts :
    "Le 19 décembre 2006, la Cour d’appel confirme les six condamnations à mort pour propagation d'épidémie. Elle acquitte cependant les accusés de toutes les autres charges : atteintes à la moralité, recel de devises et consommation d'alcool."

    Que ne nous a-t-on dit si, en première instance, ces dernières charges avaient trouvé une sanction ! Laquelle ? Et pour quels motifs ?

    Ce qui est bien, chez Axel, c'est son côté gentleman. Faut pas compter sur lui pour se pencher, d'une quelconque façon, sur ce qui pourrait avoir un aspect rien qu'un peu graveleux. Il se pince le nez, et il passe. Ce qui l'occupe, c'est uniquement le sort de la veuve et de l'orphelin... Avec le médecin palestinien et les infirmières bulgares, il est servi : les revoici dûment condamné(e)s à mort.

    Et c'est alors la fin du drame... On l'imagine effondré :
    "Le 16 février 2007, les infirmières et le médecin se pourvoient en cassation devant la Cour suprême mais le 11 juillet 2007, pour la troisième fois, la condamnation à la peine de mort est prononcée."

    Mais nous comptons bien qu'Axel saura rebondir et, avec lui, l'ensemble de la Commission d'enquête.

(référence permanente à propos de la Libye de Muammar Gaddhafi : http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr)

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