Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

279 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 novembre 2014

Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

Faussaires de l'économie - 27 : Quelques coups de fusils particulièrement nécessaires

Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Capital-travail, certes. Mais, rien qu'une affaire d'inégalité... Répartition, partage... Pour Thomas Piketty, une chose ne fait aucun doute - et ceci vaut à l'échelle mondiale et sans doute depuis très longtemps (depuis les débuts de la révolution industrielle ?) : il y a un gâteau... qu'on se répartit plus ou moins justement.

Par conséquent, sitôt qu'une certaine menace pèse sur la présence de ce gâteau dans la vitrine, on sent que notre jeune professeur d'économie commence à ronger son frein. Dans l'âme, il est un vrai "partageux". Il considère qu'en aucun cas, les "inégalités" ne doivent nous rendre nous-mêmes injustes et fort peu prévoyants. Il nous le déclare tout net... Le sort de celles et de ceux qui n'ont que leur travail pour survivre plus ou moins aux limites de l'impossible n'est pas spécialement enviable :

"Et, en même temps, chacun peut comprendre que si la totalité de la production était consacrée aux salaires et si rien n'allait aux profits, alors il serait sans doute difficile d'attirer des capitaux permettant de financer de nouveaux investissements, tout du moins dans le mode d'organisation économique actuel (on peut bien sûr en imaginer d'autres)." (page 74)

Eh oui, messieurs et mesdames, vous voici coincé(e)s !... Ou on vous donne tout, ou on ne vous donne quasiment rien. Car, sitôt que vous réclamez une part un peu plus grosse, on vous apprend que ce n'est pas une question de dimension de la part... Que vous en êtes à vous engager sur une très mauvaise voie au bout de laquelle il n'y a plus que la question de savoir qui commande aux fusils de la propriété privée des moyens de production. Y en a qui sont pas d'accord ?... L'exploitation vous a quotidiennement dépouillé(e)s de la part de surproduit qui aurait pu vous servir à développer vous-mêmes votre système de production. Et voilà que vous n'avez même pas la politesse minimale de vous soumettre aux conditions que vous imposent ceux qui vous ont si gentiment (oh, le joli contrat de travail!) mis sur la paille. Conditions qui, seules, leur permettront de s'enrichir plus encore, et de se doter des moyens de disqualifier le travail - et donc les moyens de survie - d'un nombre important de vos petits camarades !...

Et maintenant, Thomas Piketty est très en colère :

"Sans compter qu'il n'est pas forcément justifié de supprimer toute rémunération pour ceux qui choisissent d'épargner plus que d'autres - à supposer bien entendu qu'il s'agisse là d'une source importante de l'inégalité des fortunes, question que nous examinerons également."

Epargner ?... Epargner surtout aux travailleurs et travailleuses de base le souci que pourrait leur occasionner la disposition d'un salaire qui dépasserait rien que de quelques centimes ce qui leur est tout simplement nécessaire pour retrouver les forces physiques, psychiques et intellectuelles dont il faut disposer pour retourner gaiement se faire voler, de minute en minute, sa vie et sa santé par les heureux épargnants de Londres ou d'ailleurs.

Des beaux discours comme celui de Thomas Piketty, les pauvres mineurs de Marikana ont dû en entendre quelques-uns, et puis ensuite ils ont entendu siffler des balles, avant de devoir commencer à ramasser des cadavres.

N'empêche que l'économie (l'épargne !) est belle pour la direction générale : 75 euros au lieu de 500 ! Le lendemain, de Grande-Bretagne jusqu'en Afrique du Sud et ailleurs très certainement, il y aura eu du gâteau de platine pour tout le monde. De quoi rassurer Thomas Piketty ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.