Cette hostilité qu'il fallait calmer...
Nous en étions restés au moment où le rapporteur de la Commission d'enquête, Axel Poniatowski, développait la dialectique de la manoeuvre entreprise par l'Union européenne pour faire valoir la prétendue innocence des infirmières et du médecin...
Premier élément : "il n’était pas question de verser un dédommagement" parce que "agir en ce sens aurait constitué une reconnaissance tacite de leur culpabilité".
Il s'agissait donc d'aider... la Libye. D'aider la Libye, parce qu'elle se trouvait en difficulté... du fait de sa propre faute...
En effet, transformer le dédommagement en aide a un double avantage. Cela élimine toute idée de culpabilité du personnel médical "européen". Cela rend la Libye coupable de tout. Axel jubile :
"Or, accepter l’aide européenne signifiait que l’Etat libyen n’était pas capable de faire face à l’une de ses premières obligations, à savoir soigner sa population."
C'est donc l'État libyen qui, par négligence, est à l'origine de la contamination par le virus du sida de quelques centaines d'enfants et de la mort de quelques dizaines d'entre eux... La preuve en est directement établie par... la dialectique de l'aide.
Reste donc à mettre tout cela en musique. Le criminel Kadhafi n'a plus qu'à bien se tenir...
Cependant, la musique est parfois un art difficile. Le bon Ponia en convient :
"Il reviendra à la diplomatie française de saisir la nature profonde des demandes libyennes, dans un domaine où l’Union européenne, à sa décharge, n’avait aucune latitude d’action."
De quelle "latitude d'action" peut-il s'agir ? Nous ne le saurons pas tout de suite. Pour l'instant, Axel Poniatowski doit faire valoir l'excellence du travail réalisé par les responsables de l'Union européenne : l'intervention finale et victorieuse de la France n'en prendra que plus de relief.
L'Europe donc...
"À la suite des conclusions du Conseil des ministres du 11 octobre 2004 qui, rappelons-le, levaient l’embargo sur les ventes d’armes à la Libye, appelaient à la libération des ressortissants bulgares et mentionnaient la disponibilité de l’Union à lancer une action de coopération médicale, M. Marc Pierini a effectué une rapide mission à Tripoli (11 au 13 octobre) et a remis au colonel Kadhafi une lettre commentant les conclusions du Conseil."
On le constate aussitôt, le plan va plus loin que le plan. Il n'y aura pas dédommagement... Il y aura aide... Mais, d'abord et avant, il devrait y avoir... des ventes d'armes, puisqu'elles sont désormais autorisées... Aide-toi et le ciel d'aidera. L'Europe l'a parfaitement compris.
Redisons très vite qu'autrefois, Axel a travaillé pour Thomson, fabricant d'armes, en Arabie Saoudite.
La sainte de l'Europe ne peut pas ne pas savoir dans quel contexte commercial s'inscrit l'ensemble de sa si belle et si charitable manoeuvre auprès du délabrement gentiment prêté à la Libye :
"Le premier souci de Mme Benita Ferrero-Waldner a été de réunir 1 million d’euros pour le démarrage de la mise en œuvre de cet accord, qui visait à former les personnels de l’hôpital de Benghazi et à remettre celui-ci aux normes."
Mais la difficulté, pour l'Europe, de lever la modique somme de 1 million d'euros... et d'obtenir ainsi un début de réalisation de sa tentative d'aider, six ans après le déclenchement de l'épidémie de sida, la malheureuse Libye, est une occasion de donner un méchant coup de griffe à ce pays d'irresponsables. Axel n'y manquera pas. Or, pour le dire avec élégance : Ça bourrait un max.
"Il fallait également s’occuper en urgence des enfants. Comme l’a rappelé M. Marc Pierini, le gouvernement libyen avait dépensé en pure perte 50 à 60 millions de dollars en aides financières diverses sans pour autant améliorer le système de santé à Benghazi, tandis que les enfants frappés par le sida vivaient une situation de ségrégation sociale."
Décidément, la Libye d'avant sa destruction par Sarkozy était l'empire du malheur... Mais riche, riche, oh mes amis !
En comparaison, la charitable Europe, et sa sainte Benita... pauvres, pauvres !... C'est dur à dire, mais Axel serre les dents, et finit par le dire :
"La Commission européenne ne disposait pas au départ des ressources financières pour réaliser son plan d’action. Votre rapporteur rappellera en effet que le budget de l’Union est bâti sur des perspectives pluriannuelles et la Libye, pays riche, n’était pas éligible à la politique de coopération européenne."
Comme on le voit : c'est la pauvre qui aide la riche (la Libye de l'abominable Kadhafi)... Avec, pour seule ressource, sa petite sébile qui s'en va courant même jusqu'au delà des mers...
"À la fin de 2004 et pendant la plus grande part de l’année 2005, le plan a été exécuté sur la base de contributions disparates d’origine britannique, italienne, espagnole, belge et néerlandaise, avant que la Commission puisse intervenir sur ses ressources propres, à partir de septembre 2005."
Donc, encore une année perdue pour les "pauvres" enfants...
Cependant, pour moins cher, il y avait du bon boulot à réaliser :
"À Benghazi, l’équipe diplomatique de l’Union européenne a d’abord accompli un travail psychologique auprès des familles des enfants."
C'est que le sida, la mort... Sans doute, était-il nécessaire – même avec cinq ou six années de retard – de venir panser quelques blessures...
Nous savons d'avance ce que le gentil Axel va nous rapporter de l'attitude "psychologique" exemplaire des experts européens... C'est toute une science qui vient avec eux, dans une sorte de pélerinage.
Voilà, c'est ici. À toi de jouer, mon bon Axel :
"Il régnait une atmosphère d’hostilité à l’encontre des étrangers qu’il fallait calmer."
"Qu'il fallait calmer"... Hein, qu'elle est bien bonne !... Et pourquoi ces étrangers-là tout spécialement ?... Qu'avaient-ils donc fait de mal ? Les Montagnier et autres faussaires ?...