Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

279 Billets

0 Édition

Billet de blog 23 décembre 2014

Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

De Gaulle et le gaullisme "historique" : ce cancer qui nous ronge (III)

Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De Gaulle… parmi les diaboliques ?...

    Le 10 juin 1940, le tout nouveau sous-secrétaire d’État (Charles De Gaulle) s’entretient avec le président du Conseil et ministre (Paul Reynaud) sur la question de la défense de Paris et de celui qui en serait le gouverneur. Le premier rapporte – ce qui montre bien le rôle de conseil qu’il pouvait avoir dans la désignation à des postes importants, voire essentiels :
    "Je proposai le général de Lattre […]." (Mémoires, page 51)

Le lendemain, et alors que le gouvernement s’est trouvé transplanté à Orléans, nous retrouvons nos deux protagonistes dans une discussion du même type, à propos cette fois-ci du Généralissime Weygand. C’est De Gaulle qui commence :
" - Ne voyez-vous pas que le général Weygand poursuit, non point un plan d’opérations, mais une politique, et que celle-ci n’est pas la vôtre ? Le gouvernement va-t-il le laisser plus longtemps en fonction ?
- Vous avez raison ! répondit M. Paul Reynaud. Cette situation doit cesser. Nous avons parlé du général Huntziger comme successeur possible de Weygand. Allons tout de suite voir Huntziger !"

Qui aura proposé Huntziger ? Ce qui est sûr, c’est que De Gaulle ne paraît pas avoir fait la moindre objection à ce choix, si même il ne se trouve pas directement à son origine.

Or, au dernier moment, Reynaud juge que, puisqu’il doit lui-même préparer sa rencontre imminente avec Churchill, mieux vaut laisser De Gaulle faire la démarche seul. Voici ce que le Général nous en rapporte dans ses "Mémoires" :

"Je trouvai à Arcis-sur-Aube, son poste de commandement, le général Huntziger, commandant le groupe d’armées du Centre. Au même moment, ce groupe d’armées était attaqué et percé sur le front de Champagne par le corps blindé de Guderian. Cependant, je fus frappé par le sang-froid d’Huntziger. Il m’informa de sa mauvaise situation."

Quel chef, qu’Huntziger, tout de même ! Quand tout va si mal.

Et qui ne plie pas plus quand De Gaulle lui propose, au nom d’un gouvernement en fuite, de continuer la guerre en se transportant en Afrique, ce qui exige de lui qu’il veuille bien devenir généralissime en lieu et place de Weygand :
" - Vous seriez cet homme-là ?
- Oui ! répondit simplement Huntziger." (Mémoires, page 52)

Franc comme l’or, n’est-ce pas ?

Mais le général Charles De Gaulle, qu’on n’a guère vu s’éloigner des sommets de l’État durant une partie essentielle de la "drôle de guerre", pouvait-il ignorer ce qu’était le rôle du général Huntziger dans la défaite en cours de livraison aux troupes d’Hitler ?

Car il y a une jolie suite au rapport établi par la commission dirigée sur le front de Sedan par Pierre Taittinger en mars 1940, c’est-à-dire deux mois avant le déclenchement de l’attaque allemande dont on voit le résultat dans cette fuite éperdue vers le sud de la France que mènent Paul Reynaud, De Gaulle et toute la fine équipe qui va avec.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.