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Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 24 novembre 2014

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Faussaires de l'économie - 31 : Même Adam Smith avait réussi à ne pas s'y tromper complètement

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Pour nous entretenir savamment du "Capital au XXIème sècle", Thomas Piketty aura donc décidé, dès les premières pages de son livre, d'exclure une part essentielle de ce même capital... Dans l'ordinaire de nos vies, nous entendons parler de "paradis fiscaux" sans trop bien savoir à quoi cela correspond du point de vue du fonctionnement de l'économie mondiale... Il ne s'agirait que d'une manoeuvre annexe. Ici, on nous dit, à propos du capital fixe : "Circulez, il n'y a rien à voir !"

Mais si, bien sûr... Il y a à voir au moins le chapitre XXIV (Transformation de la plus-value en capital) de la septième section (L'accumulation du capital) du Livre Premier du Capital de Karl Marx, ainsi que l'Introduction de la troisième section (Les conditions réelles du processus de circulation et de reproduction) du Livre II du même.

Il paraît que cela devrait nous permettre de déjouer des pièges qui ne sont pas de la seule invention de Thomas Piketty...

Or, comme celui-ci l'a écrit, le revenu national se rattache au PIB (produit intérieur brut) par  soustraction de la dépréciation du capital fixe. Ce qui convient parfaitement au schéma idéologique dans lequel notre professeur d'économie préfère se confiner : affaire de répartition (revenu : ce qui "revient") et surtout pas de production par exploitation d'autrui.

Saisir l'économie capitaliste par les revenus, c'est ce qu'Adam Smith avait cru pouvoir faire dans sa Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1784). Ainsi pour lui, le prix naturel d'une marchandise - dont nous avons vu que, chez David Ricardo (1821), il correspondra à la quantité de travail incorporée - se forme-t-il par addition des différents revenus qu'on peut en tirer. Par contre, Adam Smith sera rejoint par David Ricardo sur la constatation que ce prix naturel n'est qu'un prix moyen sous jacent aux fluctuations d'un prix de marché qui s'établit comme suit :

"Le prix de marché d'une marchandise donnée est déterminé par la proportion entre la quantité qui est réellement apportée au marché et la demande de ceux qui consentent à payer le prix naturel de la marchandise, soit la totalité de la valeur de la rente, du travail et du profit qu'il faut payer pour l'apporter en ce lieu."

Autrement dit, selon Adam Smith, ce qui serait constitutif du prix naturel de toute marchandise, c'est la somme des revenus qu'elle fournit par sa vente : rente, salaire et profit.

Ce qui paraît convenir aux marchandises considérées isolément vaut-il pour leur addition dans cet agrégat que constitue la notion de revenu national utilisée par Thomas Piketty ?

Nous allons voir que, si Adam Smith a buté sur la solution, il n'en avait pas moins perçu le problème.

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