Un seul ennemi : Vichy
Hormis toutes ces fantasmagories qui lui permettent de briller sur les ondes radiophoniques, dans les salles de conférence et à l’occasion de quelques cérémonies de remise de médailles, Charles De Gaulle, en panne de ralliements, n’a plus d’autre solution que de mendier auprès des Britanniques l’aide sans laquelle il ne pourrait pas faire un pas de plus dans la réalité elle-même.
En ce début de printemps 1941, l’homme du 18 juin 1940 s’est trouvé une cible à laquelle il va consacrer, pendant quelques mois, une part importante de ses soins. Il en fait l’annonce, depuis Le Caire, aux généraux Catroux et Legentilhomme, le 2 avril 1941 :
"Le développement des opérations alliées en Érythrée et en Abyssinie offre l’occasion de tenter le ralliement de la Côte française des Somalis à la France Libre." (Lettres, page 287)
Comme on le voit, il s’agit une nouvelle fois d’agir dans l’ombre d’une action britannique, et, ceci, pour revendiquer l’aide qui permettrait à la France Libre de s’inviter à la fête, et pour son propre compte :
"Les actions prévues doivent être combinées avec le blocus rigoureux de la colonie, blocus dont le maintien est demandé aux autorités britanniques." (Lettres, page 287)
Ici, une note (de Philippe De Gaulle ?) nous indique charitablement que Charles va se fourvoyer pendant… deux ans :
"En fait, les mesures nécessaires au blocus de Djibouti ne seront jamais appliquées par les Britanniques." (Lettres, page 287)
De Gaulle commence cette nouvelle grande aventure, où il n’a pour cible que Vichy, en adressant, le 11 avril 1941, une note au général britannique Spears :
"Il s’agit, pour moi, de savoir si oui ou non le gouvernement britannique a décidé d’appuyer par le blocus le ralliement de Djibouti à la France Libre et, dans l’affirmative, si les autorités britanniques locales exécutent, ou non, cette décision." (Lettres, page 296)
Immédiatement rassuré, il télégraphie le jour même au général Legentilhomme qui se trouve à Karthoum :
"En ce qui concerne attitude des autorités britanniques d’Aden relativement au blocus de Djibouti, je me suis assuré que la décision prise est entièrement conforme à celle que nous avons demandée." (Lettres, page 297)