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Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 28 janvier 2015

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De Gaulle et le gaullisme "historique" : ce cancer qui nous ronge (XXX)

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    On ne fait pas l’omelette sans casser d’œufs

    Cependant le général Catroux finit par s’inquiéter des conséquences éventuelles de toutes les violences qu’il voit paraître dans l’attitude de Charles De Gaulle à propos de Djibouti. De Gaulle lui répond rudement dans son télégramme du 10 mai 1941 :
    "En ce qui concerne la fidélité des troupes que nous rallierions à Djibouti après famine, ceci nous regarde et ne regarde que nous. D’ailleurs, il n’y aurait pas famine parce que le gouverneur aurait sauté avant." (Lettres, pages 317-318)

    Et d’ailleurs, n’est-ce pas ?...
    "Les Anglais ne se gênent jamais pour le blocus quand cela leur convient et quand ils le peuvent [Peut-être pas contre leurs nationaux, tout de même]. Quant à nous, nous serions bien naïfs si nous imaginions pouvoir faire l’omelette de la libération française sans accepter de casser quelques œufs." (Lettres, page 318)

    Cf. Dakar, en septembre 1940.

    Et voici que nous allons retrouver Gaston Palewski, l’homme de De Gaulle pour la vie, l’ancien collaborateur de Lyautey au Maroc, l’ancien directeur de cabinet de Paul Reynaud, le factotum du grand patronat français. Avec cet ami de choix et de prix, De Gaulle peut se permettre d’être lui-même. Voilà ce que cela donne dans le télégramme qu’il lui envoie à Aden, le 17 mai 1941 :
    "Je ne vois aucun inconvénient à une sédition militaire à Djibouti. Cela est pour le bon motif. Je me charge de rétablir ensuite la discipline." (Lettres, page 328)

    Cependant, les Britanniques le connaissent maintenant pour ce qu’il est. Ils veillent au grain, ainsi que De Gaulle doit l’avouer à René Pleven (télégramme du 18 mai 1941) :
    "Autorités britanniques interdisent à nos représentants de faire jeter tracts sur Djibouti. […] Je vous prie de demander à gouverne-ment britannique que interdiction de nos tracts soit levée." (Lettres, page 329)

    De Gaulle tente alors le tout pour le tout. Il s’adresse directement au général britannique Spears, dans une lettre du 31 mai 1941 :
    "Les avisos français libres : Savorgnan-de-Brazza et Commandant-Duboc actuellement en mer Rouge. Je suis disposé à leur prescrire de pénétrer dans les eaux territoriales de Djibouti pour compléter le blocus, pour faire pression sur les esprits dans la colonie par leur présence rapprochée et même pour s’assurer d’Obock comme premier pas des Français Libres dans le territoire. Je vous serais obligé de me faire connaître d’urgence si le gouver-nement et les autorités britanniques sont d’accord."

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