Sus à Vichy ! Enfin !
Voilà, c’est fait : le grand Charles s’est plié jusqu’à demander l’autorisation des Anglais !...
La réponse est mitigée, puisque, ainsi qu’il le télégraphie aux deux commandants des avisos :
"Pour l’exécution vous êtes sous le commandement de l’amirauté britannique." (Lettres, page 345)
Il se retourne alors vers Gaston Palewski (télégramme envoyé le 7 juin 1941 du Caire à Aden) :
"Étant donné les événements qui s’annoncent, je comprends que vous pouvez avoir besoin d’une force militaire pour maintien de l’ordre à Djibouti dès votre arrivée." (Lettres, page 354)
Puis vers le général britannique Wavell, le même jour :
"Le premier bataillon français du Pacifique, venant de la Nouvelle-Calédonie sous les ordres du commandant Broche, est en cours de transport vers le Middle-East. Je demande que ce bataillon soit arrêté à Aden ou dans le voisinage pour être mis à la disposition du lieutenant-colonel Palewski le cas échéant." (Lettres, page 355)
Avant de voir si tout cela va déboucher effectivement sur l’omelette si gentiment annoncée par Charles De Gaulle, laissons le temps de l’Histoire suspendre son vol pour une minute.
Nous y lirons d’abord cet extrait de la lettre que le Général adresse à Madame restée en Angleterre, depuis le Caire, le 2 juillet 1941 :
"Rien n’est étonnant et réconfortant comme l’esprit, l’ardeur et le courage de tous nos gens ici, militaires et civils. Les religieuses sont les plus « gaullistes »." (Lettres, page 375)
Document qu’il ne faudrait pas séparer de celui-ci (télégramme du Caire, au professeur Cassin, à Londres, le 2 juillet 1941 aussi) :
"J’ai décidé de prélever chaque année sur mon compte les subventions antérieurement attribuées par la France à certains établissements religieux d’Égypte. Totalité trois cent mille francs et huit cents, dont détail vous est adressé par courrier avion. Les sommes seront à verser avant l’ouverture annuelle scolaire par l’intermédiaire de mon représentant au Caire." (Lettres, page 377)
Trop peu "gaulliste" sans doute, quelques mois plus tard, Jean Moulin, lui, repartirait en France avec, en poche (selon le colonel Passy), la modique somme de 500 000 francs que lui aura remise l’homme du 18 juin pour animer rien que la Résistance dans la moitié non occupée du pays…
Vive Jeanne d’Arc !