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Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 30 janvier 2015

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Pourquoi et comment ils ont tué Muammar Gaddhafi - Série A - numéro 30

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    Quand la "communauté internationale" attaque qui elle veut

    Revenons sur ce passage du Rapport établi par Axel Poniatowski :
    "Il faut à cet égard rappeler que l’affaire a débuté pendant la période d’isolement de la Libye suite à l’embargo international décidé par le Conseil de sécurité des Nations Unies en 1992."

    Cette phrase est destinée à illustrer cette prétendue "crispation nationaliste" qui aurait saisi la population libyenne, la poussant à incriminer un personnel soignant d'origine étrangère au lieu de s'en prendre au manque de mesures d'hygiène et à la réutilisation des seringues, phénomènes dénoncés très scientifiquement par l'illustre professeur Montagnier.

    Nous remarquons donc que, lorsque, en 1998, l'épidémie de sida vient frapper de façon foudroyante plusieurs centaines d'enfants et en tuer quelques dizaines dans le seul hôpital de Benghazi, il y a déjà six ans que l'embargo international pèse sur la vie quotidienne de la population libyenne.

    D'où vient-il ? À quoi correspond-il ? Qu'est-il censé punir ? Que tend-il à obtenir de la Libye ?

    Dans son ouvrage "La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011)", Françoise Petitdemange donne le texte de la résolution 731 prise à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU, le 21 janvier 1992, à l'encontre de la Libye :
    "Le Conseil de sécurité, Profondément préoccupé par ce qui résulte des enquêtes impliquant des fonctionnaires du Gouvernement libyen et qui est mentionné dans les documents du Conseil qui font état des demandes adressées aux autorités libyennes par les États-Unis d'Amérique, la France et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, liées aux procédures judiciaires concernant les attentats perpétrés contre les appareils assurant les vols 103 de la Pan Am et 772 de l'Union de transports aériens, 2. Déplore vivement le fait que le Gouvernement libyen n'ait pas répondu effectivement à ce jour aux demandes ci-dessus de coopérer pleinement pour l'établissement des responsabilités dans les actes terroristes susmentionnés contre les appareils assurant les vols 103 de la Pan Am et 772 de l'Union des transports aériens." (pages 272-273).

    Nous reconnaissons aussitôt la très célèbre "communauté internationale" : États-Unis, France, Royaume-Uni. Nous voyons qu'ici encore, c'est bien elle qui "drive" tout... C'est elle qui prétend disposer de documents qui peuvent servir à mettre en cause la Libye... C'est elle qui affirme que le gouvernement libyen n'a pas répondu de façon satisfaisante aux demandes qui lui ont été faites de coopérer à l'établissement des responsabilités...

    Effectivement, le gouvernement libyen n'a pas accepté de "coopérer pleinement" "à l'établissement des responsabilités" de la Libye, parce que la Libye ne les reconnaît tout simplement pas.

    Françoise Petitdemange écrit que la Libye "demande - en vain – auprès de la Grande-Bretagne et des États-Unis, et auprès de la France, les documents qui sont en leur possession et qui apporteraient les preuves de leurs accusations portées contre les ressortissants libyens dans ces affaires d'explosion d'avions en plein vol de la PAN-AM et d'UTA." (page 272)

    Sans qu'il soit nécessaire ici d'aller plus loin sur cette question, revenons six ans en arrière sur un crime dont la "communauté internationale" aura pris soin de ne pas demander au Conseil de sécurité de l'ONU qu'il puisse servir de fondement à un embargo décidé contre les États-Unis.

    Une nouvelle fois, nous en trouvons le récit dans l'ouvrage de Françoise Petitdemange sous le titre "« Opération El Dorado Canyon » : bombardements de Benghazi, de Tripoli et de la caserne de Bal Al Azizia, nuit du 14 au 15 avril 1986." On pourra le consulter à la page 209 et suivantes.

    Si les auteurs des attentats imputés à la Libye n'ont jamais été véritablement identifiés, il est clair à tout jamais que ce sont bien les forces aériennes états-unienne et britannique qui ont, cette fois-là, violé l'espace aérien libyen et semé la mort en pleine nuit...

    Pourquoi, en 1998, quand éclate l'épidémie de sida à Benghazi, et alors que l'embargo décrété en 1992 continue à étrangler la Libye, la population elle-même n'aurait-elle pas dû nourrir les plus grands doutes quant à la validité de la doctrine des "probables improbabilités, je le jure !" de l'invraisemblable Montagnier (soutenu par la "communauté internationale" des 144 prix Nobel) ? Faut-il vraiment parler de "crispation nationaliste" chaque fois que la vérité est manifestement bafouée ?

(référence permanente à propos de la Libye de Muammar Gaddhafi : http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr)

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