Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

279 Billets

0 Édition

Billet de blog 30 novembre 2014

Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

Faussaires de l'économie - 39 : Le "tout le monde" qui émarge au revenu national

Michel J. Cuny (avatar)

Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Puisque l'Angleterre vient de refaire son entrée en scène ici-même grâce à Lénine, nous pouvons esquisser un rapide retour sur les actionnaires britanniques des mines de platine de Marikana en Afrique du Sud qui auront eu à subir le terrible contrecoup de la hausse de 15 % (75 euros par mois) de la rémunération de mineurs irascibles jusqu'au sang.

Cette hausse peut très bien être devenue, avec le bruit qu'elle a fait, un fort mauvais exemple pour telle ou telle partie de la population travailleuse d'Afrique du Sud. Dans ce cas, et pour autant que les liens de domination instaurés par l'Histoire entre ce pays et la Grande-Bretagne auront multiplié les points d'appropriation de la richesse locale par les intérêts de la City, et si d'autres protestations même plus pacifiques ont débouché sur des hausses de salaires touchant des secteurs entrés dans la propriété d'actionnaires britanniques, c'est le revenu national des compatriotes de la reine Elisabeth qui en aura pris un petit coup.

Autrement dit, et en sens inverse, s'ils ont pu servir à limiter les exigences de ces malheureux émeutiers noirs (qui réclamaient 500 euros), les coups de fusils distribués par les forces de l'ordre sud-africaines l'auront été, pour partie, au profit des investisseurs étrangers..., et par extension, à toutes les parties prenantes (réelles ou imaginaires) à l'effet de retour du revenu national britannique sur les revenus de tout un chacun en Grande-Bretagne.

Ainsi, l'idéal, pour la bourgeoisie britannique, est de savoir faire jouer idéologiquement, jusqu'au dernier des derniers participants à son économie, ce critère du "national" qui n'est en réalité qu'une fiction... que Thomas Piketty va se charger de démolir pour nous dans son langage à lui :

"Aujourd'hui, la réalité est que l'inégalité du capital est beaucoup plus domestique qu'internationale : elle oppose davantage les riches et les pauvres à l'intérieur de chaque pays que les pays entre eux." (page 80)

Plus que du capital, il veut évidemment nous parler de la répartition du revenu national qui suinte du capital national...  La fraternité nationale rencontre donc assez rapidement ses limites...

Ce qui ne doit surtout pas empêcher Thomas Piketty de faire comme si de rien n'était lorsqu'il limite son champ d'investigation aux pays dont les positions internationales ne troublent pas la proximité du revenu national avec la production intérieure :

"En première approximation, les résidents de ces différents pays possèdent au travers de leurs placements immobiliers et financiers à peu près autant dans le reste du monde que le reste du monde en possède chez eux." (page 80)

Les "résidents", à le dire aussi vite, il paraît que c'est le "tout le monde" qui émarge au revenu national. Voilà qui est rien qu'un peu démagogique, mais parfaitement dans la ligne de ce que doit produire de brouillard la redoutable fiction de tout ce qui est dit "national".

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.