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Michel J. Cuny

Ecrivain-éditeur professionnel indépendant depuis 1976. Compagnon de Françoise Petitdemange, elle-même écrivaine-éditrice professionnelle indépendante depuis 1981.

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Billet de blog 31 décembre 2014

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De Gaulle et le gaullisme "historique" : ce cancer qui nous ronge (X)

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    Les premières prises de Charles de Gaulle

     Ce que De Gaulle offre en 1940 aux colons des deux Afriques, c'est de se rallier à un suzerain : la chose devient assez vite très claire pour tout un chacun. Il aspire à l’Empire comme à sa chose : ni plus ni moins.

    Mais les administrateurs coloniaux, quelle que soit l’opinion qu’ils se font du gouvernement de Vichy, n’ont pas nécessairement la fibre féodale : la plupart d’entre eux pressentent immédiatement l’aventure… Peut-être même l’aventurier. Et les ralliements se ramènent très vite à quelques rares candidats, dont le premier exemple est constitué par un archipel océanique de 83 îles : les Nouvelles-Hébrides.

    Il ne faudrait cependant pas s’y tromper : ce ralliement n’en est pas vraiment un. C’est un petit cadeau d’arrivée que les Britanniques font à De Gaulle, histoire d’amorcer la pompe.

    C’est ainsi qu’un beau matin (le 22 juillet 1940), le général De Gaulle apprend, par l’intermédiaire du Commissaire-résident français aux Nouvelles-Hébrides, Henri Sautot, que - dans ce condominium franco-britannique – le partenaire britannique poursuit le combat comme partout ailleurs, mais que, de plus, il déclare offrir aux Nouvelles-Hébrides côté français de pouvoir bénéficier de son assistance politique, économique et financière au cas où un ralliement à la France Libre serait décidé par les autorités locales. Se rangeant à l’avis de la population – qui ne peut en aucun cas se payer le luxe d’aller rompre avec l’ensemble du système britannique – l’administration française y consent donc. Et voici De Gaulle qui ramasse l’archipel sans même avoir eu à le demander : le discours qui précède (cf. le précédent billet) n’a effectivement été prononcé que le 30 juillet suivant.

Pour les trois colonies d’après - Tchad (26 août 1940), Cameroun (27 août), Congo (28 août) – le schéma général est le suivant : la base de départ est une colonie britannique voisine ; l’aide économique britannique est annoncée ; les forces militaires britanniques se font voir plus ou moins discrètement et de loin ; et on laisse ensuite le rapport de force s’installer directement entre les autorités locales dépendantes de Vichy et les hommes de De Gaulle : la transition se fait en douceur ou un peu plus violemment. Mais la productivité du travail est stupéfiante. Un petit exemple suffira pour le montrer : le capitaine Leclerc se sera rendu maître du Cameroun avec vingt-deux hommes seulement.

Voici donc De Gaulle devenu, en trois jours, un très important potentat de l’Afrique équatoriale française… À la radio, ça fait très bien, alors qu’au même moment l’ensemble de la France libre plafonne aux environs de 10 000 hommes…

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