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Billet de blog 1 novembre 2013

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Le FN c’est les autres

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une crise existentielle frappe la France mais aussi l’Europe et plusieurs de ses pays membre. Elle frappe les élites mais aussi les citoyens. Les médias, mais aussi les véhicules de l’opinion dits alternatifs. L’ouï-dire entropique est clairement confisqué par des groupes, des intérêts, des partis et groupuscules aux intérêts propres. L’autonomie de pensée se perd,  l’opinion se morcelle, le chacun pour soi s’extrémise en sauve qui peut, au sein d’un brouhaha de signes contradictoires qui ne visent qu’une seule chose, faire entrer toute explication, toute information, dans un épais brouillard automnal. La concentration de la presse a tué les débats, internet et ses réseaux sociaux l’essence même de la hiérarchie des choses. D’un côté, un monologue bétonné et intéressé, de l’autre, cris et fureurs répétitifs le plus souvent insignifiants.

Loin de cette cohue, le rouleau compresseur des créateurs et abuseurs de la crise permanente installe le fait accompli, la fatalité, l’évidence, laissant au politique les miettes des reformes sociétales, individualisées à l’extrême, du détail créateur de faux débats, lui donnant comme  tâche unique le rongement constant de ce que fut l’Etat dans toutes ses formes (Etat nation, Etat solidaire, Etat constructeur, Etat souverain, Etat anticipateur et stratège, Etat de droit, etc.).

Les mythes, qu’ils soient fondateurs ou perpétuant l’esprit citoyen sont tués à force d’être décortiqués, présentés comme tels, « scientifiquement démolis », présentés comme des mensonges collectifs, afin de créer un vide référenciel une parthénogenèse indiquant que l’on vient de nul part et que, de cause à effet, l’on s’achemine vers un choix unique entre le chaos ou la soumission.  L’homme est suspendu, le citoyen éclaté.

Les causes pour protester, en se multipliant à l’infini, empêchent la révolte citoyenne. Le politique gère au jour le jour ces mini révoltes éparpillées et punit la révolte de mille manières, en inventant chaque jour des nouvelles : la dialectique est ostracisée,  l’opinion marginalisée, l’alternative montrée du doigt comme déviance ou folie aventurière et irresponsable.

Détailliste elle-même, la représentation politique, magma consensuel, se complait à gérer ce brouillard fait de mal-être et d’impossibilités, en indiquant maladroitement mais clairement que le mieux se trouve derrière nous et que le bien est une utopie dévastatrice. Elle se complait dans des diatribes supposées issues d’un « esprit de droite » ou « de gauche », en étant la seule à faire semblant de croire que ces deux notions génèrent une anticipation, une stratégie,  une praxis radicalement divergentes. Mais les faits, bornés, sont là pour exhiber le contraire.

C’est de tout cela que le FN se nourrit, de nous, de nos élus et de leurs pratiques, de l’impossibilité de sortir de ce magma consensuel, de l’agonie du politique.

Avant de le combattre combattons-nous.  Combattons notre propulsion de perpétuer le piège, à nous y complaire, à  choisir nos propres moulins à vent phantasmatiques et dérivateurs.  Nos débats, utilisés par les médias jusqu’à l’os, sont notre prison. Le jour où - exemple parmi des centaines d’autres - l’on tournera le dos à la question oh combien complaisante : Bedos était ivre quand il a signé la pétition des 343 salauds, on sera un peu sorti de ce brouillard dévastateur…

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