Un relief existe. L’atmosphère existe aussi, tout comme la radioactivité, ou la mer. Par contre, les océans ne sont qu’une construction, certes pratique, de l’esprit ; Ils n’existent pas en tant que tels, mais permettent de simplifier et de préciser ou de s’approprier la masse aquatique. Les choses qui n’existent que comme pensée, comme construction de l’esprit sont notre environnement naturel et cet environnement permet de construire des temples, des églises, des murs et des guérîtes, aligner des kilomètres de fils barbelés, utiliser la monnaie, qui n’existe que comme convention largement partagée, ou la dématérialiser au sein d’un réseau de flux électroniques interactifs via des câbles sous marins ou des satellites qui sont le produit réel d’une imagination active. Des éléments imaginés comme les dieux polythéistes aujourd’hui oubliés, ou monothéistes, toujours présents au sein d’un imaginaire partagé, des concepts surannés comme celui des empires, mais très en vogue pendant deux millénaires, celui de la nation, de la patrie, de peuple, qui subsistent malgré une globalisation des us et des coutumes, de l’information, des capitaux imaginaires, tout simplement par ce que un grand nombre d’hommes y croient toujours, contre vents et marées (qui existent). Dès lors que l’interrogation s’installe, comme par exemple « c’est quoi être français » ou « Marie est-elle vraiment vierge » ou « d’où vient vraiment l’argent », dès lors qu’au sein de l’acquis imaginaire commun s’installe le doute, nous sommes en présence d’une transformation radicale de cet acquis, ou même à la recherche d’un nouveau qui le remplacera. On est surtout en présence d’un conflit entre ce qui se passe vraiment comme mutation de l’imaginaire et ceux qui croient à une idée jadis partagée, malgré ses mutations, sa transformation ou son remplacement.
D’individu, l’homme est devenu citoyen, esclave ou barbare. De sujet de nouveau citoyen. De citoyen consommateur et de consommateur marchandise. Les clercs des idées désormais contestées vous proposent comme récits contemporains mutants de faire un choix entre les deux derniers. En usant et abusant un concept auquel ils n’y croient plus, celui de citoyen. La question étant et vous, vous y croyez ?
