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Billet de blog 6 février 2015

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Dette (s) II

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Wolfgang Scauble, ministre allemand de l’économie, vient de faire - entre autres -, deux déclarations aussi surprenantes qu’exigeant l’analyse. «Certains partis ont fait des promesses avec l’argent des autres» a-t-il affirmé, et cela concernait bien sûr Syriza. Sans vouloir entrer dans la discussion de la légitimité de la dette grecque, rappelons tout de même à monsieur Scauble que la reconstruction de l’Allemagne, - responsable incontestable de la deuxième guerre mondiale -, s’est faite avec l’argent des autres, et plus précisément celui des contribuables américains qui, à travers le plan Marshall, ont permis le redressement de son pays. Quand au « miracle économique allemand », il aurait été impossible si les alliés (Grèce incluse) n’avaient pas fait cadeau de la moitié de la dette reconnue par Berlin puis Bonn à leur égard.  Décisions sages, qui nous ramènent à la deuxième phrase, tout aussi significative : « la Grèce appartient à l’euro » : Ce renversement sémantique qui prime la monnaie aux dépends du peuple, est caractéristique de l’idéologie allemande et de ses dérives traumatiques qui font de la monnaie dévaluée de la république de Weimar la raison principale de la montée, puis de la victoire du nazisme.  Or, cette attitude aussi idéologique qu’irrationnelle, oublie que la montée des extrêmes en Allemagne est, avant tout, le résultat de l’attitude arrogante et intransigeante des vainqueurs lors le traité de Versailles, qui imposèrent à ce pays le coût global de la guerre, et l’endettèrent de force sur plusieurs générations. Le message du congrès étant : « vous signez ou la guerre reprend ». Cette attitude était loin d’être sage : non seulement les alliés, dont la France, ne perçurent presque rien de cette dette, mais ils engendrèrent en Allemagne une réaction revancharde et nationaliste qui enfanta le nazisme.

Monsieur Scauble semble oublier (ou occulter) ces étapes historiques, tout comme le fait que la crise financière de 1829 ruina l’économie réelle de son pays et le repositionna en tant que débiteur vis à vis des Etats-Unis, ce qui engendra la démultiplication de l’inflation et de la dette. Mais une chose qu’il n’oublie sans doute pas, puisque il l’a vécue de près, c’est l’unification allemande : pour contrer une inflation relativement faible (2,7 en 1988) due au boom de l’unification, la Bundesbank a imposé à tous ses voisins, sans aucune concertation, des taux d’intérêts très élevés atteignant en 1992 plus de 11% en France.  Dès lors, le prix de cette unification est synonyme de la fragilité sans fin de l’économie européenne et du surendettement des pays membre auquel on donna un nom : l’euro.

Monsieur Scauble, on devient superpuissant toujours avec l’argent des autres. Et personne n’appartient à l’euro. Il s’agit d’une monnaie commune, qui aurait dû œuvrer pour les peuples auxquels il appartient. Certes, on comprend que l’image des brouettes remplies de marks vous obsède toujours, même si l’explication de cette image vous échappe. Ce n’est pas une raison pour que le reste de l’Europe paie, une fois encore, pour votre inculture traumatique. 

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