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Billet de blog 10 juillet 2014

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C’est quoi la corruption ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le stade suprême du concept  le but justifie les moyens c’est d’oublier le but. Une fois ce dernier disparu, les moyens se transforment en une entreprise autonome, une technique, une bureaucratie, une gestion du quotidien qui n’apporte au gestionnaire du pouvoir que des avantages.  Peu importe alors sur quels fonds voyage la femme du président, qui paie les factures de téléphone, quel emploi est fictif ou imaginaire, combien coûte un rapport, quel est le salaire d’un conseiller, etc. Tout se transforme en mode de vie, en mode comptable, en une synthèse d’un style de vie et de consommation qui ne se préoccupe que des justificatifs comptables, les seuls qui préservent du contrôle d’une justice qui, elle aussi, ne cherche plus le pourquoi depuis longtemps. Quand le président d’une banque indique dans une lettre à ses clients qu’il assume les dysfonctionnements et pratiques contraires à l’éthique constatées au sein de son établissement mais dues - bien sûr - à des défaillances individuelles, cela se traduit par une négociation qui aboutit à une amende de dix milliards de dollars. Il ne sera - bien sûr encore –pas question d’indiquer combien, ces dysfonctionnements et ces transgressions à l’éthique on rapporté. Là encore, assumer n’est qu’une question comptable et négociable.  Préalable à la question c’est quoi la corruption devient ainsi le pourquoi et au nom de quoi la corruption.

N’est-ce pas de la corruption de se faire élire sur des propositions et gouverner en les bafouant ? N’est-ce pas de la corruption d’oublier son rôle et de jouir de sa fonction ? N’est-ce pas de la corruption de transformer la nature même des mots, ceux de réforme, de justice sociale, de socialisme, de progrès, d’équité, de valeurs et tant d’autres ?

Quand Eurostat propose d’intégrer les bénéfices des activités illégales dans le PIB des pays membre n’est-ce pas de la corruption ? Quand le discours politique se transforme en une comptabilité eschatologique qui considère que l’impôt est injuste par nature et que les riches qui peuvent  ne pas payer (en quittant le territoire par exemple), seront remplacés par les pauvres qui ne le peuvent pas, ce n’est pas de la corruption ?

De nouveau, on revient à la politique. C’est quoi gouverner ? Au nom de qui et pour l’intérêt de qui ? 

John Rawls, dans sa Théorie de la justice, indique que le partage ne sera égal que si celui qui distribue sera le dernier servi. Aujourd’hui, il se passe exactement le contraire. Et c’est ça la corruption. 

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