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Billet de blog 12 novembre 2014

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Le capitalisme navigue en eaux paisibles

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’entends ici et là que le capitalisme est en train de rendre son dernier souffle.  A moins qu’il s’étouffe, qu’il ait un malaise d’indigestion, qu’il explose comme l’arrogante grenouille de la fable, je vois mal ce qui pourrait causer sa perte. Les causes de cette immunité à la mort résident en l’éclatement des résistances, à l’addiction à de besoins futiles mais aussi au théâtre permanent des vanités scandaleuses et  vides de sens, et surtout à la multiplication des causes d’indignation, lesquelles, tel un tourbillon, emportent toute opposition à ce système dans les méandres de la colère. Il est perturbant de ne plus savoir - ou voir -, la racine du mal, d’avoir à combattre mille moulins à vent, qu’ils semblent tous plus importants les uns que les autres, de s’époumoner contre le système financier, s’indigner de la fraude institutionnelle mais parfaitement « légale » luxembourgeoise, de ricaner avec les scandales à tiroir offerts par nos élites politiques, de crier sa colère en Grèce, de manifester contre mille et une fermetures de cites industriels, de se révolter contre la mort d’un militant écologiste, de montrer du doigt l’incapacité des pouvoirs en Libye, en Afghanistan, en Iraq ou au Nigéria, de s’inquiéter de la mort annoncée de l’Etat solidaire et de droit, de s’inquiéter de la dégradation, visible à l’œil nu, de nos sols, de notre littoral, de la mer, de la calotte glacière, de se mobiliser contre celle de notre vie de tous les jours, de s’offenser quotidiennement du rôle des clercs, des amuseurs, des « experts » se nichant au sommet des médias, se s’énerver contre les déclarations, venues d’un autre siècle, des dirigeants des patrons,  de l’Union Européenne ou du FMI. Trop d’offenses tue l’offense pourrait-on dire. L’insécurité s’installe donc, un sentiment de peur diffuse dû au sentiment qu’on ne peut pas faire grand-chose contre une avalanche, doublée par une action, celle-ci coordonnée, des  clercs et des dirigeants pour travestir son identité : on comprend vos peurs, votre sentiment d’insécurité, répètent-ils à l’unisson, et on fait tout pour y remédier. On bâtit des murs, on chasse l’étranger, on contrôle les fraudeurs à la sécu, on combat les fondamentalistes, etc. A la dispersion des « causes justes » s’ajoutant ainsi des croisades dévoyées.

Pendant ce temps, imperturbable, le capitalisme contemporain navigue en eaux paisibles. Les capitaux se concentrent, les bateaux transportent les marchandises navigant désormais sur des autoroutes maritimes, le marché dicte ses lois, les dettes souveraines enflent à coups de prestidigitations conformes, les lobbyistes, les juristes et autres cabinets s’affairant sur le bouclage permettant, via une concurrence déloyale (il n’en existe pas d’autre) de rendre, à coups de crises, légal l’illégal.

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