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Billet de blog 15 février 2016

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Ils m’énervent

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Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.  Certes. Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras et se dire que tout compte fait, mieux vaut cultiver ses tomates et s’abandonner aux couchers de soleil et à l’aube qui vient déjà plus tôt. Non, l’un n’empêchant pas l’autre, cultivons aussi notre indignation, et continuons à nourrir notre fureur, notre rage, des constats que l’on fait quotidiennement. Je suis furieux de constater que les milliers de milliards donnés aux banques pour les sauver (afin qu’elles nous sauvent raconte le récit libéral), se sont transformés en liquidités baladeuses allant, à chaque seconde, au mieux offrant éphémère, et participant de la sorte à l’énième crise financière mondiale. Je suis furieux d’observer que la fin des paradis fiscaux, déclarée en fanfare par Sarkozy ,n’était qu’un leurre, et que, bien au contraire, ceux-ci se sont démultipliés comme des petits pains, au grand profit des fraudeurs fiscaux, des banques, des entreprises cotées en bourse.  Je suis furieux qu’un président - qui avait annoncé qu’une de ses priorités était d’introduire le vote des immigrés et la fin de la double peine -, finit par proposer la déchéance de nationalité pour les binationaux, oubliant qu’il est mortel et que demain, un autre pourra interpréter à sa manière la définition de menace pour la nation. L’Histoire n’enseigne rien à ces gens. Je suis furieux que la guerre à la finance annoncée s’est transformée en une guerre contre les plus démunis, ceux pour qui, d’après Jospin, la sécurité sociale, la retraite, les services de l’Etat –providence, sont le seul patrimoine. Je suis furieux d’entendre tous les jours les commentateurs, les « experts », les ministres nous dire, de manière monocorde et monotone, que c’est aux pauvres, aux gueux, aux salariés de faire des efforts, que « le prix du travail en France est trop élevé, qu’ils coutent trop cher, quand les millionnaires ne paient pas d’impôts et quand les entreprises multinationales pratiquent  la fraude institutionnelle et se font assister par l’Etat. Je m’énerve grave quand j’entends les patrons de la gauche gouvernementale affirmer qu’une alternative de gauche, celle prônée par Mélenchon, ferait le jeu du Front National.  Ils n’ont qu’à faire leur boulot, à mettre en place ce qu’ils avaient annoncé, à ne pas désespérer Clignancourt, comme ils le font chaque fois qu’ils sont au pouvoir. Le FN se nourrit de leurs mensonges et pas d’une radicalisation à gauche. Il se nourrit par la mise en œuvre d’une politique européenne inique qui tourne le dos aux aspirations des plus humbles en les dépouillant du peu qu’ils possèdent au nom de la compétitivité globalisée.  Mais cette Europe là, c’est aussi et surtout un conclave de chefs d’Etat, où si Sarkozy, Hollande, Valls, Moscovici et consort le voulaient, pourrait enclencher une politique différente. Or, qu’ont-ils fait ces messieurs durant le bras de fer entre l’Allemagne et la Grèce, sinon un léchage de pompes pathétique des réactionnaires qui gouvernent à Berlin ? Eux, trouvent leur compte, préservent leurs intérêts. Mais le leadership français s’affirmant progressiste ? A-t-il conscience qu’il creuse sa propre tombe et gonfle les rangs du FN ? Hollande a-t-il conscience qu’en participant au hallali cotre toute voie discordante de gauche en Espagne, en Grèce, au Portugal, en Irlande, il laisse à l’extrême droite le monopole de la contestation de cette Europe antidémocratique ? Sait-il, comprend-il, les enjeux réels de notre vieux continent ?  Je suis furieux de  penser qu’il l’est et qu’il a choisi son camp, celui d’une Europe décadente mais si avenante et confortable avec ses nantis déconnectés de la douleur populaire. Comme un vulgaire poujadiste, le pouvoir socialiste croit s’en sortir  en  déclarant la guerre permanente contre les fous de dieu, en montrant de la poigne et de l’intolérance envers leurs victimes, en pillant l’arsenal idéologique du FN. Bref, il signe un certificat d’inexistence, il se saborde. Tout en déclarant, qu’il reste la seule solution. Le ridicule tue mais peut-il énerver ?  L’aube arrive, je sors l’admirer…

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