Les familles des coptes assassinés devraient envoyer une lettre de remerciement à Bernard Henry Levy et à Nicolas Sarkozy qui, par leur action clairvoyante, ont libéré la Libye de son dictateur. Les sunnites du Levant (Iraq - Syrie) devraient en faire de même et remercier l’Occident de les avoir libéré d’un autre dictateur, en ne tenant aucun grief du fait de leur marginalisation aussi bien politique qu’économique. Les démocrates égyptiens devraient remercier aussi l’Europe et les Etats Unis, qui, avec sagesse, ont reconnu et encouragé un pouvoir totalitaire qui remplace désormais celui d’un autre dictateur déchu. C’est tout de même étonnant de voir l’Occident répéter allègrement les mêmes bêtises, puis s’en étonner des mêmes résultats. Comme si le désastre afghan n’avait pas été suffisant. Les interventions musclées ne sont pas les seules à être frappées du seau de la crétinerie bis repetitas. On ne voit personne assumer l’échec des plans de sauvetage économiques, qui durent depuis un demi siècle et qui, inlassablement, donnent les mêmes résultats calamiteux ; pire : ce qui a échoué en Afrique, en Amérique latine, on l’exporte en Europe, puis on s’étonne que l’entropie politique qui gagna ces continents se propage en Europe. D’une certaine manière, les eurocrates nous font du bien : sans les mesures de déchéance et de paupérisation qu’ils y ont imposé Syriza serait toujours un petit parti de l’extrême gauche et Podemos n’aurait peut-être jamais vu le jour.
Cependant, on ne va tout de même pas les remercier : sans la lessiveuse luxembourgeoise, sans les dictats aussi absurdes qu’antidémocratiques de la Commission, sans leur monologue pro marché, sans leur inefficacité arrogante, sans l’inefficacité du parlement européen qui se pense salon XVIIIe siècle, sans un Conseil qui assume les mesures que les gouvernants ne peuvent hypocritement assumer, il n’y aurait pas non plus cette montée vertigineuse des droites extrêmes, xénophobes et nationalistes. Simple question : pourquoi a-t-on créé l’Europe si ce n’est pour mettre fin aux nationalismes, à la xénophobie, au racisme qui ont détruit l’âme du vieux continent tout en décimant sa population ? L’étonnement est une vertu de l’enfance. Mais la politique, elle, assume et s’assume. Les créateurs de monstres ne doivent pas inlassablement se dire : d’où sortent-ils ?
Cette quiétude arrogante me fait penser au proverbe africain :
- Pourquoi les lions lèchent leurs couilles ?
- Parce qu’il peuvent…