D’un côté le labyrinthe. Une techné mutante, un art de contourner, la certitude que l’entropie, le changement, la transformation sont déterminants et sûrement pas déterminés. Que l’homme les subit et s’en arrange, changeant ce qu’il espère et se changeant lui même. La pensée technique et artistique à la fois ne peut que effeuiller l’irrationnel comme l’amoureux effeuille la marguerite. La réalité est polymorphe, le sacré négociable, le doute rayonne. La vie, parfois tragique, n’est qu’un jeu d’enfants. Le citoyen n’existe que s’il est utile. Acteur plutôt que consommateur.
De l’autre, l’accumulation de certitudes et du capital, le surhomme prométhéen, le spleen, le romantisme et l’attraction de l’absolu. La morale unidimensionnelle et universelle, la déraison de la raison, la spirale de la certitude, le jugement envers et contre tout. Le devoir comme valeur métaphysique. Le peuple est la Nation. La Nation est la destinée.
C’est sur ces deux pôles, contradictoires, que coule l’identité européenne. Pandore précède Eve, Bacchus n’est que l’ombre obèse d’un Dionysos dépecé christique et renaissant de ses morceaux épars. Ifaistos le malformé ne peut qu’être cocu, tout se paie, on ne passe pas impunément de la magie au savoir-faire. Ce n’est pas l’argent, c’est le manque de compétitivité qu’est le problème dixit l’Europe du jugement. Ce n’est pas la certitude du jugement qui prime, c’est le doute et les méandres incertains du savoir, répond celle du citoyen utile. C’est la nation, l’Etat, la règle, dit l’un. C’est l’homme, dit l’autre. Et puis, au milieux de cette diatribe, l’idiot du village, sentencieux, murmure : c’est la dette et la démocratie à la fois, je demanderai à mes espions de mettre tout cela en clair…