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Billet de blog 16 juillet 2013

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Grèce : en route vers le moyen âge

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Depuis la chute de la dictature (1973), jamais un gouvernement en Grec n’avait à ce point stigmatisé, les uns après les autres, professions libérales, corps de métier, commerçants, fonctionnaires, médecins, chômeurs, et même les agriculteurs. Les deux partis aujourd’hui au pouvoir,  pourtant  premiers responsables de la crise de la dette, de la corruption, du clientélisme, du favoritisme qui ont nourri l’Etat grec, s’en prennent allègrement à leurs victimes leur rapprochant d’avoir consenti au système infernal qu’ils avaient mis en place, et auquel, faut-il encore le souligner, il n’y avait aucune autre alternative.  L’actuel ministre de la réforme de l’Etat, dont son oncle a été les champion toutes catégories du « rousféti », ce passe droit institutionnalisé qui vous permet d’avoir un poste, une fonction, un permis de construire, une subvention, une place à l’hôpital ou tout simplement un travail,  explique que ce n’est pas lui, c’est la Troïka, et que les milliers de gens qu’il licencie l’empêchent de bien dormir la nuit. Ce fils de, qui n’a jamais travaillé de sa vie, comme tout autre rejeton des dynasties politiques qui ont ruiné le pays comme des sauterelles sédentaires, indique que c’est ça ou le déraillement. Sauf que le train des réformes amène à toute allure le train - Grèce au Moyen Age, et que le faire dérailler n’est pas une si mauvaise idée. En fait, ce qui se passe dans ce pays est une machine infernale à deux pistons. D’une part, l’Europe sous la domination germanique demande des exemples sacrificiels indiquant la paupérisation de l’Etat et la « souplesse » absolue du coût du travail. D’autre part, ce gouvernement, tétanisé et incapable de penser par lui même, prend, pour répondre aux exigences statistiques de la Troïka, des mesures de la dernière minute. Comme il n’arriva pas à planifier quoi que ce soit, la veille des négociations il décide de la disparition verticale de certains services, pour remplir les quotas exigés. La télévision nationale, la police municipale, les gardiens des écoles, des secteurs entiers de la santé et de l’éducation sont ainsi supprimés en une nuit, sans préavis, tandis que les « placés », les « planqués », les « fautifs » avec des procès sur le dos pour corruption active ou passive, pour abus de tout genre, pour vol et toute une ribambelle de délits, font traîner les procédures pendant des années. Mais, évidemment, les protections jouant toujours, et il est  plus facile de supprimer des services (certes en les réformant), pourtant essentiels non seulement à l’Etat, mais à l’Etat de droit ou les services sociaux que de s’attaquer, par exemple, aux « protecteurs » des policiers véreux.  Pour cette partie du drame, la Troïka n’est responsable que dans le mesure où elle accepte, sans broncher, les chiffres, oubliant que derrière il y a des hommes, des familles, des quartiers, des écoles, des hôpitaux  qui fonctionneront encore plus mal,  un appel d’air à la délinquance, aux incivilités, mais aussi une montée de l’extrême droite qui fait désormais sa loi, remplaçant les services élémentaires de l’Etat.

Chère Commission, il ne suffit pas de fustiger verbalement les néo-nazis : les mesures que vous imposez et qui sont mis en place à la hâte par un gouvernement que vous avez désiré  fantoche font le lit du nazisme. D’ailleurs, quoi de plus totalitaire que votre rengaine répétant à l’infini qu’il n’y a pas d’autre solution.  Il en est de même pour la réforme fiscale. La troïka insiste sur la liquidation du patrimoine, les saisies, les confiscations pour dettes. Mais celle-ci ne concernent quasi exclusivement que des pauvres gens, souvent au chômage qui ne doivent au fisc que par ce que vous avez insisté que le patrimoine, aussi petit et misérable soit-il soit considéré comme une entrée fiscale au même titre que les salaires ou les retraites. Depuis bientôt trois ans, combien de saisies ont réellement été faites pour des assiettes fiscales dépassant les 50.000 euros annuels ? Nous y reviendrons…

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