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Billet de blog 19 avril 2016

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Nuits debout, le quiproquo

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A lire et entendre les médias et nos responsables politiques, les rassemblements des jeunes dans les places publiques à travers la France ne peuvent êtres « responsables » qu’à condition que tout le monde y soit bon et gentil. Comme si ces rassemblements ne sont pas le résultat d’un mécontentement,  d’un sentiment d’injustice et d’une violence ressentie de la part de l’Etat et de la société.  Les pouvoirs, amusés et un tantinet paternalistes semblent croire que ces rassemblements sont organisés  par la paroisse de Saint Eustache. Quelque chose entre la kermesse, la soupe populaire et le salon de thé bucolique.  Au moindre incident, en levant le doigt, nos édiles préviennent  « vous êtes un mouvement pacifiste, bon enfant, sérieux, ne gâchez pas l’image que nous vendons de vous ».  « Si vous voulez continuer d’exister » répètent-ils à l’unisson « vous devez condamner toute violence  et faire scrupuleusement le ménage en quittant les lieux tous les matins ».  Comme si les « Nuits débout » n’était justement pas le résultat d’une multitude de violences.  Celle du chômage pour commencer. Vécu (et pointé du doigt) comme une amputation existentielle.  Mais il n’y a pas que cette violence, à laquelle la jeunesse réagit en contestant la loi El Khomri prise comme un symbole de l’absurdité de notre temps. Comment prendre au sérieux tout discours se proposant d’encadrer de réguler la vie professionnelle, le travail, pendant que le scandale des Panama papers s’étale au grand jour ?  « Commencer par réguler  les banques, le flous, le pognon, avant de vouloir règlementer notre » vie disent  les jeunes.   On leur parle de démocratie, de règles, du vivre ensemble. Mais eux, ressentent cette sourde violence résultant, justement,  de cette fiction de démocratie qui a comme résultat que le système politique qui régit notre pays et l’Europe toute entière, tourne le dos aux décisions démocratiques et continue son train-train de chemin comme si les citoyens n’existaient pas. Les exemples fusent de partout, ils se nomment Grèce, Portugal, Danemark, Espagne, Pays-Bas, à chaque coin de cette Europe où la consultation citoyenne ne plait pas aux eurocrates et les gouvernants des pays membre. Dans leur propre pays qu’observent-ils ? Que ce prétendu jeu démocratique les condamne à voter pour le moins détestable au sein d’une nomenclature inamovible et surannée, où chacune de ses paroles engendre l’ennui et le sentiment de fatalité. C’est ça la démocratie ? Ce machin d’une violence inouïe qui ne vous « intègre » que si vous êtes d’accord sur tout ?  Ce truc qui dénature mots et concepts et ne se perpétue que par la peur ? Où se cache l’espoir ? Où se niche l’utopie ? Certainement pas dans le discours technocratique des commissaires aux comptes qui nous gouvernent. C’est là qu’y  réside la plus destructrice des violences. Y a-t -il de plus dévastatrice que celle qui vous ordonne de vous ranger et de faire votre nid au sein d’un monde foncièrement injuste ?   

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