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Billet de blog 19 octobre 2016

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2. Eurocrates et euro suivistes

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Ce qui stimule les éléments les plus reptiliens chez les citoyens c’est le dédain, le mépris. Il n’y a pas pire sensation que de se sentir inexistant, transparent au regard comme du ver, simple réceptacle d’un discours, toujours le même et  allant crescendo pendant les rendez vous électoraux, et qui conjugue deux variantes. La première indique que les constats des tenants (et des prétendants) sont uniques et obligatoires. La deuxième s’apparente à un chantage : hors de la voie proposée, la catastrophe est à nos portes.  En Grèce, en Belgique, au Portugal, en Irlande, en Hongrie, en Italie, en Espagne, en Grande Bretagne ou en France, partout où le citoyens émettent des doutes et se paient le luxe dérisoire de l’interrogation, ils sont immédiatement sanctionnés, subissant une première salve se croyant persuasive de ce qui les attend, au cas ou l’orthodoxie n’est pas respectée. Que cette interrogation se situe à droite ou à gauche de l’échiquier politique n’a aucune importance. Les catastrophes annoncées et promues sont parfois cataclysmiques, comme en Grèce, parfois absentes au rendez-vous comme en Grande Bretagne, cela aussi n’a aucune importance non plus.  Car le discours uniforme ne supporte pas la nuance, ni le constat ne paraît nécessaire qui pourrait éventuellement souligner des limites qui ne peuvent exister au sein d’un dogme. Au contraire. Les eurocrates, impavides, cherchent désespérément la bonne nouvelle là où leur action a écrasé toute contestation, et cherchent au microscope la mauvaise, là ou les choses ne se sont pas passés selon leur dogme.  Au besoin, on ferme les yeux, comme si de rien n’était, gérant imperturbables leur chaos. Ainsi, le Brexit n’a aucunement influencé les termes de l’ultimatum lancé aux citoyens wallons, et la catastrophe humanitaire grecque n’a pas pesé d’un iota sur le discours monocorde d’Eurogroup ou du Commissaire se déclarant socialiste à l’économie.  On ne change pas de religion comme de chemise, on ne change pas le dogme de l’immaculée conception européenne.  Or, il n’est pas interdit d’affirmer qu’un système de pensée primitif et exclusif peut faire l’affaire des uns (de l’Allemagne par exemple), et lui tourner le dos peut faire l’affaire à d’autres (la Grande Bretagne par exemple).  La raison - on pourrait dire l’analyse concrète de situations concrètes -, permet ainsi se constater que l’on peut être europhile par intérêt bien compris, comme on peut être euro sceptique, toujours par intérêt. Or, les clercs de cette Europe exigent de  « leurs » citoyens d’être des eurolâtres, de croire sans chercher et d’adhérer aux oukases divins sans broncher, ce qui, à son tour, génère des europhobes, des apostats,  des gnostiques, voir des allothrisques qui jettent l’eau du bain avec le bébé. Les timorés, les experts comptables, les « présidents normaux » choisissent le dogme de l’euro latrie,  persuadés que ils seront sinon les prochaines victimes du bûcher financier eurocrate, même si cela implique d’agir contre leurs propres peuples. Qui, forcement, se révoltent.

A suivre

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