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Billet de blog 20 novembre 2014

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Mémoire, quand tu nous mènes en bateau

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Il y avait une légèreté à Paris sous l’occupation » déclarait il y a quelques jours une chanteuse classée plutôt progressiste et voilà que les gardiens du temple y trouvent une nouvelle croisade à mener. Touchez pas au malheur des parisiens, touchez pas à son résistance épique, touchez pas à la symbolique des coupons d’alimentation, touchez pas au travail obligatoire, touchez pas à tous ces touchez pas qui gravent sur le marbre une histoire héroïque mais surtout cathartique. Comme si l’un empêchait l’autre.  Or, la ville de Paris n’est pas une dame, une mère ou une pute, et encore moins une grand-mère vénérable. Elle est faite de couches successives et contradictoires d’hommes et de femmes, de riches et de pauvres, et, pour revenir au sujet en paraphrasant une actrice bien connue de l’époque, il y avait  tous ceux qui avaient un cœur français mais un cul international, un portefeuille bien rempli, une carrière à préserver, un bien-être à perpétuer malgré et parfois grâce à l’occupant. Mettons de côté le lourd, les collaborateurs, à commencer par le gouvernement et ses serviteurs, ses institutions, mettons de côté police et milice, les exécutants et les convertis. Restons sur du léger, sur le théâtre, le cinéma, l’édition, la chanson, le music hall. Qui peut nier qu’il s’agissait d’une période faste, légère et même créatrice de quelques chefs-d’œuvre ? Les enfants du paradis sont (encore) là pour y témoigner. Qui peur nier que ce milieu, interlope et bourgeois à la fois, a dû rendre des comptes à la libération pour s’être au moins compromis avec un occupant subtile sous l’autorité d’ Otto Abetz,  pour, au moins, avoir continué à créer, à produire et à s’amuser comme si rien n’était et ce tout au long de l’occupation ? En quoi Zaz a eu raison de s’exprimer de la sorte, et tort de s’en excuser. Personne ne nie qu’au sein de  ces couches successives et contradictoires de la population parisienne il y a eu des résistants, en acte ou en pensée. Mais de grâce, ne jetons pas aux tartares toute personne qui effiloche une histoire aussi officielle que monolithique et maquillée, au nom d’une catharsis  libératrice et expiatoire…  

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