Jamais en France un parti politique n’avait exprimé à si haute voix son mépris pour les citoyens et, bien sûr, pour ses propres électeurs. Certes, son géniteur originel avait bien dit : les français sont des veaux ; certes, l’esprit gaullien ne s’embarrasse pas de détails tatillons concernant la légitimité formelle systématiquement sacrifiée sur l’autel d’une culture de l’homme providentiel mais, jusque là, soit les conditions historiques pouvaient, à la rigueur, justifier une telle attitude où un formalisme hypocrite préservait les apparences. L’Histoire ne se répète que sous la forme d’une farce disait avec humour Karl Marx, et c’est de cela que nous sommes aujourd’hui témoins. Faire appel au général De Gaulle pour sortir du bourbier algérien est une chose, s’en remettre à Alain Juppé pour couvrir la déchéance d’un parti dont les prétendants à sa direction n’on que le mot fraude à la bouche en est une autre. Cependant, il ne faut pas croire que le grotesque de cette soi-disant élection n’affecte que l’UMP et que cette crise majeure d’un parti clé du dispositif politique français ne concerne que lui. Aussi bien le citoyen que le monde entier qui observent cette bouffonnerie made in France, considèrent que, décidément, il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France. Du fait même du mépris envers toute chose qu’ils exhibent sans complexe, exception faite d’une bataille de chefs ridicule, qui affaiblit certainement notre pays bien plus que la perte du triple A.
Ainsi donc, la France a été gouvernée par des menteurs, des tricheurs, des précieux ridicules qui, une fois battus aux élections, s’entredéchirent pour un poste à venir, et que désormais rien ne garantit qu’ils n’useront (et abuseront) de ces mêmes défauts une fois qu’ils seront au pouvoir. Comment croire quoi que ce soit une fois que le pays sortira de cette tragi-comédie qu’on lui impose ? Quel partenaire de la France, en Europe ou ailleurs, continuera à les prendre au sérieux ? Ils pensent (et discourent) sur la légitimité perdue de leurs instances internes. Mais c’est de la légitimité de la France comme acteur important de la communauté des nations qu’il s’agit. Il suffit de lire les unes de la presse internationale : Both of them have lost their credibility. They are no statesmen pouvons nous lire à l’autre bout du monde, à l’Australian News qui cite un parlementaire UMP.
François Copé affirme crânement : Fillon sait très bien qu’il y a eu des fraudes de la part de son camp. François Fillon déclare à la télévision n’avoir aucune confiance dans les instances arbitrales de son parti, et qu’il s’adressera à la justice. On se croirait au Tour de France et aux soupçons de dopage généralisé. Et, c’est en effet de dopage qu’il s’agit. Le seul a pouvoir expliquer leur tropisme monomaniaque du pouvoir, et leur aveuglement au monde réel qui les entoure.
Elections piège à cons, dit un slogan anarchiste. Pour une fois, il dit vrai. Sauf que les dindons de cette farce moyenâgeuse ne sont pas ses deux protagonistes démonétisés mais la France et les français.