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Billet de blog 24 janvier 2016

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Lettre de Madagascar

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Allez savoir pourquoi, autour d’une assemblée villageoise, je racontais les amours contrariés d’Apollon, qui donnèrent  naissance à tous ces arbres, à toutes ces fleurs comme Daphné (laurier), Hyacinthe, Cyparissus (cyprès), Héliotrope (tournesol) et tant d ‘autres, qui colorent nos forêts, nos champs et nos vergers. Elle est belle cette religion s‘amusa un des convives,  à se demander pourquoi elle a disparu. En tous cas, ces histoires sont bien plus amusantes que les balivernes que nous racontent tous ces évangélistes qui rôdent chez nous.  Je m’empressais de répondre que je n’étais pas entrain de faire du prosélytisme que c’était juste des histoires. Il est vrai que j’étais au cœur du pays Bara, cette ethnie qui n’a jamais accepté le christianisme pas plus que la présence française ou le pouvoir central de Tananarive. Ami vasa, me répondit le « sage parmi les sages », il faudra qu’un jour on m’explique pourquoi les hommes choisissent la peur plutôt que l’harmonie. Tu sais, les histoires que tu racontes nous disent une chose : pour devenir une plante, une pierre, un arbre il a bien fallut qu’on l’ai été déjà. Tu prêches des convaincus…

Le fait est qu’incroyants et panthéistes, libres penseurs et gnostiques sont entrain de revivre les moments obscurs d’une époque qu’ils croyaient révolue. Les religions - celles du livre les premières -, occupent le terrain, affirment de nouveau leurs intolérances, s’entredéchirent comme si leurs récits étaient uniques et obligatoires.  

Depuis la nuit des temps (depuis – depuis - depuis dit-on à Madagascar), l’homme chasse et tue le dragon polymorphe, qu’il soit grec comme l’Hydre de Lerne,  malgache comme l’arbre anthropophage,   égyptien comme Apophis, sumérien comme Humbaba…  Il s’agit d’un processus narratif par lequel l’homme s’émancipe, s‘attaque un environnement hostile et chaotique pour installer les règles du vivre ensemble en luttant contre une sauvagerie apolitique. Il n’est point ici question de paradis perdu. Hercule comme Cilgamesh  - et son alter ego sauvage Enkidou – pacifient, main dans la main, un monde hostile et sans règles, ou plutôt celles du plus fort et du plus malfaisant. Dans l’histoire des dragons, seul celui qu’affronte Saint Georges est transformé, par la baguette magique, en l’occurrence une croix, en toutou docile que l’on promène en laisse.  Or, tous les autres sont pour les hiérarchies religieuses au mieux des comptines pour enfants au pire des hérésies à combattre, mais le dragon de Saint Georges est, lui, aussi véridique que présent dans toutes les églises, pour indiquer que son dieu n’a besoin d’aucun effort pour exhiber sa toute puissance et son pouvoir.  Hercule sue saigne, Saint Georges croit.  

Depuis les enfers antiques où aucune punition n’existe sauf celle de la torture des souvenirs glorieux de la vie, Achille s’exclame : mieux vaut être esclave mais vivant que mort en héros, amorphe et torturé par le souvenir de ses exploits. La vie, toute vie, c’est mieux que la mort. 

Et pourtant, les religions absolutistes, intolérantes, basées sur le mépris de la vie et des autres au nom d’un au-delà paradisiaque pour les élus, c’est à dire les conformes, veulent aujourd’hui nous faire croire qu’elles font partie, en toute intelligence, de notre monde libéré du sacré après moult combats et sacrifices. Pire. Que la fameuse laïcité n’existe que pour garantir leur existence. 

Pas la notre…

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