La fête du « triomphe Merkel » est finie. Les chiffres reprennent leur place. Celle d’un constat contredisant les bardes officiels. Que disent-ils ? La droite classique (CDU-CSU-FDP) avait la majorité des suffrages et celle du Bundestag. Elle ne l’a plus, dans les deux chambres. Drôle de triomphe. Sans contester la victoire personnelle de la chancelière, il est cependant nécessaire de rappeler que une majorité d’Allemands ont voté (en ordre dispersé) contre elle. Si la dispersion à « gauche » est quantifiable, les oppositions à droite sont réelles. Outre un parti conservateur anti européen qui ne sera pas représenté d’un poil, une bonne trentaine de députés réélus de la CSU bavaroise et de la CDU contestent aussi bien la politique européenne qu’économique de la chancelière. On fait semblant d’oublier qu’au Bundestag, la plus part des textes concernant les solutions proposées pour faire face à la crise (Espagne, Grèce, BCE, retraites, etc.) sont passées grâce (déjà) à l’appui du SPD et parfois des Verts. En fait, « l’art électoral de Merkel » consiste à phagocyter ses alliés de hier (SPD) et d’aujourd’hui (FDP) en leur faisant payer le prix de ses propres choix. Quand aux partis de gauche (théoriquement majoritaires) ils souffrent évidemment du fait que le SPD n’est plus qu’une variante de la droite et que les Grünen sont embarqués dans des voies technocratiques et gestionnaires qui n’ont rien à voir avec une voie alternative. Quoi qu’il en soit, la cogestion du capitalisme allemand - financier et mercantile -, contrairement à ce que les adorateurs hexagonaux du système allemand racontent, reste plus que timoré, sans vision stratégique, mais borné. Et c’est le reste de l’Europe, paralysé par un système qui puise sa force sur l’exploitation de ses voisins et leur modélisation autoritaire, qui paie en fait le « miracle allemand ». Une fois de plus, il faut le constater : le champ politique, la politique, sont des espèces en voie de disparition en Europe. Ne reste que des gestionnaires maladroits, étrangers aux peuples dont ils sont théoriquement les représentants. C’est sur ce champ de ruines apolitique qu’il faut mener bataille, car si l’alternative en tant que telle disparaît, la démocratie disparaitra aussi. C’est justement par ce que de Linke a bien compris la situation qu’il continue à être « pas mûr » selon les caciques du SPD. On espère, pour le bien de l’Allemagne et de l’Europe, qu’il le restera…
Billet de blog 24 septembre 2013
Allemagne, des lendemains de fête laborieux
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