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Billet de blog 25 novembre 2015

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Le choix de la fluidité

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Puisque la logorrhée journalistique évite les questions qui fâchent et n’y répond jamais, essayons de proposer quelques réponses conceptuelles.

A la question comment les terroristes peuvent circuler librement  on pourrait répondre par le concept de fluidité. Nos sociétés y sont dépendantes. La libre circulation des biens et des personnes est la première condition pour une économie mondialisée. S’il fallait retenir une chose de notre documentaire sur l’économie maritime c’est que près de 90 % des marchandises circulent librement hors de tout contrôle. Contrôler les ports, les frontières, les trajets des TIR (prenant le relais des bateaux porte - contenaires) étoufferait l’économie réelle en quelques semaines à commencer par les supermarchés. Il en est de même des transactions financières et de la circulation monétaire. Trois mille milliards « circulent » quotidiennement et personne au sein de cette économie mondialisée ne veut mettre le moindre frein à cette réalité. Les relais de cette course financière - tels les structures offshore -, sont hors contrôle, et la marché obligataire efface structurellement le passé des transactions. Pas de fiche « S » pour l’argent.  En tous les cas, pas pour les grandes masses, la lutte financière contre le terrorisme ne s’attaquant qu’à la marge, les cartes prépayées pour donner l’exemple le plus récent. Il en va de même pour les logeurs internet, basés en majorité au sein d’espaces défiscalisés, et qui ne peuvent pas, à leurs dires, contrôler les millions de compagnes qui y logent. Remarquons qu’il faut dix minutes pour créer une compagne offshore et quelques heures pour établir un cite complet à caractère mercantile (c’est-à-dire qu’il vend et achète par internet).  

Certes, les hommes circulent moins librement que les marchandises, mais les contrôles sont anémiques : l’autre concept à retenir étant celui de moins d’Etat exigé, lui aussi, par la globalisation et la pensée hégémonique néolibérale, du moins en Europe.  Ce n’est donc pas un hasard si Daesh choisit des natifs majoritairement européens, et si il parait impossible de contrôler efficacement, même pour quelques jours,  la toute petite frontière qui sépare par exemple la France de la Belgique. Le pacte de stabilité, euphémisme qui pourrait se traduire par paupérisation des services de l’Etat, s’appuie sur une idéologie hautement prométhéenne – technicienne, qui veut faire croire que l’ensemble de l’œcoumène est régit par les règles, la culture et la technologie occidentale,  de leurs relais et de leurs messages télévisuels.  De même qu’encore aujourd’hui il existe des scientifiques qui croient pouvoir manipuler les tendances macro - climatiques par la technologie, de même il y a un consensus occidental pour croire qu‘une image est consommée partout de la même manière, que le prix de la vie est universel, que  communication est  synonyme de l’information, qu’une seule voie est possible, celle qu’elle a choisi. Si on occident on accepte la schizophrénie individuelle et on y propose une solution clinique,  il n’en va de même pour la schizophrénie collective ou étatique. En plus simple, si vous buvez du coca-cola et achetez des systèmes anti-missiles Patriot ou des berlines Mercedes – Benz, si vous regardez HBO ou CNN, alors vous êtes acquis à la pensée occidentale. La complexité technologique effaçant la complexité du monde. Or, en réalité, ont peut faire cela, ou même en rêver de le faire et, en même temps, s’engager dans un jihad qui conteste globalement l’occident. Il y a un concept très officiel en Malaisie qui résume cela : l’islamisation de la modernité. On peut aussi le paraphraser par un autre, l’islamisation de la radicalité, conséquence directe de l’échec de la pensée contestatrice en occident.    

A suivre… 

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