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Billet de blog 26 février 2016

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Un spectre plane sur l’Europe…

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Que se soit pour les agriculteurs, les émigrés, les salariés, les PME, les citoyens dans leur ensemble face aux problèmes de sureté et de sécurité, les dirigeants européens et les eurocrates qui nous gouvernent, cèdent ou collaborent activement à deux tropismes. Celui d’une interprétation religieuse du concept de réforme, qui n’est autre, selon la définition du Larousse, qu’une observation plus stricte de règles du culte et, d’autre part, aux visions fantasques et apocalyptiques d’une présumée opinion publique. Loin de moi l’idée que cette double attitude n’est qu’une faiblesse, une course en avant irresponsable et peureuse de nos élites face à ces questions. Nos dirigeants sont pleinement conscients des exactes proportions des problèmes. Ils savent par exemple qu’une Europe d’un demi milliard d’habitants peut aisément et sans heurts majeurs absorber  un million d’immigrés. Ils savent aussi pertinemment que cette intégration n’est pas seulement possible mais aussi souhaitable en ce qui concerne une majorité de pays  membre. Mais voilà. Elle préfère céder aux sirènes de l’extrême droite qui se nourrit, essentiellement, par les victimes de la marchandisation et de la compétitivité  extrêmes de toute activité, dont, justement, l’agriculture, les petites et moyennes entreprises, les services de l’Etat, le prix et la compétitivité du travail, qui eux, répondent au désir de soumission au marché de nos élites politiques. Une soumission doctrinale, dogmatique, qui prend - de plus en plus - la forme d’une religion : croire et pas savoir, affirmer mais ne jamais vérifier, excommunier les récalcitrants et autres mécréants, punir plutôt que convaincre, s’adonner à l’eschatologie, à la répétition du dogme, plutôt que comprendre, distribuer des indulgences aux nantis et confondre les gueux hérétiques. Tels les empereurs moyenâgeux du Japon central, ils préfèrent céder au chogunat des seigneurs de la finance et leur chaos plutôt qu’accepter le « monde à l’envers », celui où « les inferieurs l’emportent sur les supérieurs ».  

Nos élites politiques se proclament rationnelles en opposition aux utopistes irresponsables et populistes.  Elles sont pourtant ce qu’elles critiquent.  Y a-t-il plus populiste que celui qui cultive le chaos comme une dividende ? Y a-t-il plus irrationnel que celui qui observe le monde tel qu’il le croit - ou le voudrait  qu’il soit - plutôt que ce qu’il est vraiment ?  Les fuites en avant, qu’elles se nomment déchéance de la nationalité ou code du travail  expriment cette double allégeance : celle d’une panique entropique cultivée et celle d’une religion irrationnelle.  L’une stimulant l’autre.  Cette allégeance cache mal un désir prométhéen : celui de ne jamais se mettre en cause, quitte à faire payer le prix de cette irresponsabilité à l’ensemble de l’œcoumène.

Votre conviction est celle des physiciens inventeurs de la bombe atomique : Il est inutile de chercher la vérité dans la cohérence…

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