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Billet de blog 26 mars 2017

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Les triple choix des élections

Tout dépend du choix central. Est-il l’Europe ? Est-il l’Etat solidaire et de droit ? Est-il le système politique et institutionnel ? Le reste y découle. Tout comme le choix des candidats et leur crédibilité.

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Ne sont crédibles que ceux qui ont endossé un ou plusieurs de ces choix,  sans ambigüité  Tous les autres sont, comme on dit en Asie du sud-est, « de l’ancien modèle », c’est-à-dire qu’ils essaient de mettre le doigt sur les effets en évitant (ou effleurant délicatement) les causes.

De ces trois sujets hautement conflictuels et entrelacés découlent tous les « détails » que l’on donne en pâture aux citoyens les forçant à faire des choix illusoires. Car ces détails ont des identités ravageuses : le chômage, la crise économique, le code du travail, l’environnement, le changement climatique, le rôle des régions, la représentation citoyenne, le niveau et la localisation des choix politiques, le système de santé, la sureté et la sécurité, l’immigration, le rôle de la France dans le monde, l’énergie nucléaire, la globalisation et les délocalisations, l’économie maritime, la désindustrialisation, les enjeux agricoles, la culture autonome, les nouvelles technologies, la concentration des industries de l’information et de la distraction, sans oublier des sujets plus métaphysiques comme l’individu isolé,  le rôle de la technologie et de sa consommation de masse,  le consumérisme et le citoyen - consommateur,  l’exclusion, etc.

Les trois enjeux précités endossent, sans préjuger du résultat, la notion de choix. Dans un monde où toute alternative est considérée comme utopie, amateurisme, populisme, radicalisation, inconséquence, et la perpétuation est exhibée comme un dogme absolu une fatalité, une litanie, considérer que l’Europe, l’Etat de droit et les institutions (nationales et supranationales) ne sont pas des constantes mais des sujets à débattre,  des choix à trancher et des constats à assumer, relève de l’essence même de la démocratie et révèle  les enjeux et les oppositions entre celle-ci et l’économie du marché.

L’Europe et les instances transnationales (formelles et informelles) ont forgé depuis les années 1970 un cadre juridique et institutionnel qui a transformé l’économie en force autonome,  hégémonique et surtout irresponsable, dans le sens que l’on donnait jadis à la royauté, c’est-à-dire, hors des murs de la cité et au-delà de l’Etat de droit. Elle-même elle a créé, avec l’aide des administrations, des espaces de non - droit,  généralisant le concept de la liberté en  haute mer (loin des rivages) sur des points fixes des continents, pour faciliter à l’excès l’échange et la concentration des capitaux, des marchandises et des services.  Ce mécanisme se concrétise à travers des structures juridiques internes à l’économie du marché (one purpose company, sociétés écrans, banques de compensation, etc.) et des mécanismes d’accumulation et de redistribution capitalistique tel le marché obligataire (sorte de cuve commune mélangeant des liquidités issues de toute activité - légale, grise, noire – en leur donnant une nouvelle identité), qui échappent par construction à l’Etat, pour ne pas dire à l’Etat de droit. En conséquence, ceux des candidats qui ne mettent pas en cause ces mécanismes économico juridiques doivent assumer le fait que leur action ne pourra s’appuyer que sur dix pour cent de l’ensemble des liquidités mondiales, le reste étant accaparé en interne par le marché, auquel ils n’auront accès que par le mécanisme de la dette. Jusqu’ici, et de manière asymptotique,  l’impossibilité d’avoir les moyens de la politique promise a généré les politiques d’austérité qui n’on de but que de pouvoir emprunter à taux bas au marché.  

Or, le marché n’est pas neutre. Il exige des garanties politiques de (sa) perpétuation et possède deux leviers. L’un purement financier (prix de l’argent) l’autre politique qui s’exprime (et sanctionne) à travers la banque centrale européenne (BCE), Eurogroup et plus généralement les desiderata de la Commission qui promeut les principes du marché et participe à la paupérisation des Etats, à travers le dogme de l’orthodoxie financière, de la libre concurrence (énergie, télécommunications, éducation, etc.), privilégie les régions, exige des économies budgétaires, sanctionne les services d’utilité publique « dépensiers », transforme la médicament en produit purement commercial, etc. Il ne s’agit donc plus d’une dépendance purement financière mais d’une obligation de suivre une politique unique, celle du marché et de la dette, passant dans les faits outre le partage de compétences définies par les traités.

A suivre.  

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