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Billet de blog 26 mai 2016

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Au fil des jours heureux

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Aujourd’hui, la banalité du mal consiste à fabriquer des sujets consommateurs, auxquels on nie le droit d’avoir une pensée citoyenne centrale. On peut décliner les différences, sublimer les particularismes, contester la circulation dans sa rue, le bruit dans sa ville, la fermeture d’une usine dans sa région, mais il est quasiment interdit de penser les mécanismes, tous issus de la même matrice, qui génèrent tous ces faits. La mondialisation segmente l’entendement bien plus qu’il ne globalise l’économie.  La pensée technique devenant le paravent accommodant derrière lequel les technocrates gouvernent contre le peuple,  en lui indiquant que la complexité dont ils sont les seuls  dépositaires, l’empêche de comprendre que c’est pour son bien.

Si j’ai bien compris le discours invariable des médias, la poire autrichienne est coupée en deux pars égales. La première moitié est constituée de vieux crétins, d’alpinistes  retardés, de ploucs xénophobes, d’analphabètes frileux, d’ouvriers rancis et de boutiquiers réactionnaires. L’autre moitié étant composée d’intellectuels brillants, d’hommes d’affaires lucides, de citadins éclairés, de jeunes courageux, de fonctionnaires téméraires. Avec une presse de cette qualité, on se demande en effet comment l’extrême droite autrichienne n’a eu que 49,7 % de voix…

L’arroseur arrosé, celui qui use et abuse du 49.3, crie au chantage quand les syndicalistes bloquent les raffineries. Cependant, malgré le concours de madame la ministre du travail et des médias, six citoyens sur dix comprennent parfaitement les raisons du blocage.  Les autres quatre, se ruent sur les stations service en accentuant la pénurie d’hydrocarbures, au grand plaisir des syndicats. Comme quoi…

A-t-on jadis espéré que les caciques du SPD allemand pourraient influencer les militants de la Fraction Armée Rouge ? A-t-on pensé, ne serait-ce qu’un instant, que les communistes italiens pourraient faire changer d’avis aux dirigeants des Brigades Rouges ?   A-t-on espéré que le pape aurait une influence quelconque sur Mgr Lefebvre et ses ultras cathos ? Pourquoi donc faisons-nous semblant des croire que des imams institutionnels pourraient transformer les djihadistes en musulmans dociles et intégrés ? 

Monsieur le président normal, toutes les minorités qui s’insurgent finissent par former une majorité. N’est-ce pas ? La votre mise à part (16% selon le dernier sondage)…

Il fut un temps où l’on affirmait que les syndicats, par le nombre de leurs adhérents, n’étaient pas représentatifs. Qu’en est-il du nombre anémique des partis politiques ? Ne font-ils pas de ces formations des structures obsolètes, qui ne servent, in vitro, qu’à propulser les présidentiables  lesquels, une fois élus, les marginalisent encore plus ?  

Avec un président oublieux, un premier ministre fielleux et des ministres en état de béatitude paternaliste, il n’est pas interdit de penser que l’exécutif évolue au sein d’un ailleurs imaginaire…

Il y a, de plus en plus, une confusion grammaticale entre « des » et « les ».  Dernier exemple  la tirade du premier ministre. Il existe certainement des français qui désirent qu’il reste à son poste,  mais de là à affirmer que les français (comme ensemble) le désirent, il y a une marge. Que dis-je, un décalage que l’on peut aisément nommer inconvenante déviation…

Surtout pas de bruit.  On réduit les effectifs de la santé en catimini, croyant que le non remplacement des départs à la retraite est suffisant pour ne pas alarmer les salariés des hôpitaux. C’est mal évaluer le secteur. Déjà, que l’on y travaille ou qu’on s’y soigne (le manque de personnel, les cadences infernales, les galères de la dite synergie des centres hospitaliers qui se traduit par l’ajout des dizaines de kilomètres pour se faire soigner, les retards accumulés dans les urgences, etc.), se font lourdement sentir. Jusqu’où soignants et soignés seront pressés comme des citrons sans rien dire, juste parce que ce métier est un sacerdoce pour les uns et une obligation pour les autres ?  

Astuce. On a qu’à radier des listes du chômage l’ensemble des demandeurs d’emploi, afin que le président normal puisse se représenter. Ils ont tué le sens, les mots et voilà qu’ils s’attaquent aux chiffres. Cela me rappelle une blague des années 80. Dans une école de Moscou on annonce l’arrivée d’un inspecteur. L’instit ordonne à ses élèves de répondre l’URSS à chacune de ses questions. Quel est le plus beau pays du monde ? demande l’inspecteur, et les élèves répondent en cœur l’URSS. Et dans quel pays les enfants sont le plus heureux ? L’URSS, etc, etc… Au coin de la sale un gosse se met à pleurnicher. Qu’ as - tu donc mon enfant ? demande l’inspecteur. Et le gosse répond, je veux aller en URSS

C’est promis, juré, craché. Quand votre salaire sera de 700 euros, vous aurez tous du travail.

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