Géopolitique de la communication

Poutine a massacré les tchétchènes, gouverne de manière autocratique, se débarrasse de ses opposants comme bon lui semble, mais en Ukraine il joue finement avec les contradictions et les impasses européennes. Le gouvernement ukrainien est l’émanation d’une caste corrompue de nouveaux riches, qui tourne le dos à la partie orientale de son pays et fait les yeux doux à l’Europe. Les miliciens de tous bords sont semblables : ils affichent un mépris total pour la réalité et vivent dans un nuage de propagande. Le peuple subit ou s’enflamme par des slogans incendiaires et absolus. C’est une situation que l’Ukraine, depuis que les Vikings ont contrôlé le royaume de Kiev en lui donnant le nom de Rus à cause de la couleur rousse des cheveux de ses habitants, perdure.  Elle a tout connu. Les Scythes, la horde d’or, le Tartares, les chevaliers Teutoniques, les Ottomans, les Anglais pendant la guerre de Crimée, l’intervention, après la première guerre mondiale,  la guerre civile, la famine programmée par Staline, les nazis et bien d’autres. Ses plaines fertiles ont toujours été un front ou un passage, un espace de dispute pour ses envahisseurs. Rien de nouveau sous le soleil. Bref, on peut prendre parti, on peut se soucier du sort des habitants à l’est, on peut même comprendre ceux de l’ouest. Mais participer d’ici aux manipulations propagandistes des uns et des autres, se transporter aux guerres d’antan pour justifier les cleptocrates et les autocrates régionaux de tous bords, suivre les discours d’une Europe déboussolée ou d’une Amérique à bout de souffle, c’est nier la complexité qui englobe ce conflit. Il en est de même pour le proche orient, le monde musulman, le conflit indonésien, les routes ancestrales sahariennes. Que sous le feu des bombardements les peuples soient manipulés, c’est compréhensible. Mais ici ?  Il n’y a pas d’ogres dans cette histoire. Il n’y a que des intérêts bien compris et de la géopolitique…