Où que l’on porte son regard, quoi qu’on entende, rien ne donne envie. Le désir, tristounet ; la flamme, frileuse ; On se résume en des voyeurs d’un quotidien sans panache, où la politique n’est plus que scandales, baratins, paroles vides et offenses à l’entendement, contre vérités et promotions en tout genre. Une scène standardisée, proche des néons édulcorés d’une grande surface, où tous les produits se valent et sont en grande peine à fabuler pour réclamer le contraire. Où la télévision attrape – nigauds, standardisée, édulcorée, criarde, ressemble de plus en plus aux rabatteurs minables qui cherchent à tout prix à faire rentrer le badaud dans un Sex-shop, lui promettant mots et merveilles manifestement inexistants. Où les commentateurs, spécialistes, experts ou divins déclament des platitudes dont on connaît la conclusion avant - même qu’ils aient ouvert la bouche. Ennui. Où les acteurs économiques majeurs préconisent des solutions issues des siècles précédents, tout en accusant leurs interlocuteurs et leurs représentants de sclérose historique, de déficit de modernité. Où la poutre d’une société et d’un système cyniques, inégalitaires, flibustiers, tente par mille artifices (sauf celui de l’imagination) de démontrer que ces tares n’existent que chez leurs victimes. Où, être pauvre, déshérité, chômeur ressemble à une punition divine, une calamité de caste, le résultat automatique d’une vie antérieure sans-soucis, celle des droits acquis, considérés désormais comme une grave erreur au sens hindouiste. Où, la société s’enflamme et se positionne sur des élucubrations justificatives de l’Etat français collaborateur, faites par un rescapé en manque de normalité. Où le manque de sens artistique, littéraire, conceptuel, se marie avec la perte des sens tout court et la philosophie se transforme en croisades aussi répétitives qu’absurdes, au sein d’un lointain et folklorique divergeant. Comme si, notre société, notre culture, notre histoire étaient une affaire bouclée, un non - sujet, et que le seul stimulant restait l’exotisme à normaliser. Où, depuis les places de New York, Londres ou Frankfort, les riches parlent aux riches, dans un monologue liturgique s’identifiant de plus en plus à la parole sacrée. Où la fatalité est érigée en dogme et la cupidité en plan de carrière. Où les plaideurs, les technocrates, les dirigeants s’entraînent dans des gestes et des paroles rituelles excluant de la scène les mystères, la tragédie et la commedia dell’arte, les annonciateurs de sens, les anticipateurs des orages à venir. La vie. La Cité.
Billet de blog 30 octobre 2014
Au jour le jour de paroles insensées…
Où que l’on porte son regard, quoi qu’on entende, rien ne donne envie. Le désir, tristounet ; la flamme, frileuse ; On se résume en des voyeurs d’un quotidien sans panache, où la politique n’est plus que scandales, baratins, paroles vides et offenses à l’entendement, contre vérités et promotions en tout genre.
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