Vœux 2024.
Oh les amis, quelle année de merde ! Pas trop tôt donc, demain on en change, l’ancienne était pas mal défraîchie. Nous y avons perdu des amis, des guides, pris le deuil impossible de morts plus injustes et plus innocentes que les autres. Les barbaries ne sont jamais loin mais là, vraiment, elles se déchaînent et nous laissent impuissants. « La guerre, la pauvreté et l’exploitation caractérisent de plus en plus notre monde globalisant » disaient M. Hardt et Toni Negri en 2012 (Commonwealth, Gallimard, 2012). Alors en 2024…
Face au déchaînement des folies fascisantes en Ukraine, en Palestine, nous sommes plus démunis que nos parents face aux folies fascistes dans l’Europe de leur époque. Gaza sera notre Guernica. Nous les entendons désormais nous aussi les bruits de bottes, dans nos rues les fascistes éructent, hurlent sur les bancs des assemblées, ils tissent des réseaux de complaisance au profond des médias, dirigent des villes, s’essuient les pieds sur le paillasson des démocrates mous avant d’entrer aux palais des gouvernements ; nous les voyons les pitres aux pupitres des pouvoirs, en Italie, en Argentine, en Hongrie, en Turquie, en France bientôt. Allons, amis de gauche, nous savons maintenant que nous avons perdu une bataille, l’Europe, comme un iceberg qui se retourne, bascule lentement au bénéfice des réacs, des fachos, des bigots, des racistes, et nous n’y pouvons rien parce qu’ils ont su convaincre des grands pans de la multitude que les ennemis étaient ceux du bas et gagner ainsi la confiance des nantis, le silence des institutions. Comment réapprendre aux multitudes à regarder vers le haut, y chercher les vrais responsables, les vraies idoles à dézinguer, les exploiteurs, les pollueurs, les salauds ? Nous, humanistes, cosmopolites égalitaristes et tiers mondialistes, nous des communs, des coopératives, des fraternités de faibles, qui méprisons les signes ostentatoires, nous pacifistes qui pensons que le dialogue peut tout, nous qui avons toujours cru que l’intelligence sert à décrire des nuances, des porosités, des mondes en complexité et en couleurs, en devenir et en transformation positive, on ne nous entend plus. Nous devons, je le crains, nous préparer à entrer en résistance. Alors n’y allons pas en traînant les pieds, allons-y ensemble en oubliant les micro différences, en gueulant et chantant, et souhaitons pour cette année et les suivantes que les pitres réapprennent à nous craindre.