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Billet de blog 7 décembre 2014

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Noël 1960, le mariage de Fabiola et Baudouin à Sainte-Gudule

A l’heure de la disparition de le reine Fabiola de Belgique, impossible de ne pas feuilleter ce numéro 611 de Paris Match daté du 24 décembre 1960. Relecture.

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A l’heure de la disparition de le reine Fabiola de Belgique, impossible de ne pas feuilleter ce numéro 611 de Paris Match daté du 24 décembre 1960. Relecture.

Pour moi, qui suis un peu belge, un numéro souvenir d’une enfance à « La grosse pipe », le bureau de tabac-journaux de mes parents. 

Ce numéro de 108 pages, hors couverture,  rend compte du royal évènement sur 24 pages en noir et blanc, plus la couverture en couleur signée Raymond Van der Plassche. « Ce fut le plus simple et le plus émouvant des mariages » titre la double d’ouverture où la jeune reine est en prière.

Laissons parler les titres qui jalonnent ces 24 pages : « Du palais à l’autel, Fabiola manque dix fois de défaillir mais l’amour du roi la porte littéralement », « Le dernier roi catholique et la très catholique Fabiola vivent intensément leur sacrement », « Pour les princesses le concours de coquetterie avait commencé la veille » de la cérémonie à l’église Sainte-Gudule.

Paris Match fait déjà dans ce qu’on appellera plus tard « le people », mais les bisbilles entre princesses et reines cinquante ans plus tard sont un peu oubliées. Qui se souvient de « Tony » qui entra dans l’église avec une cavalière et en ressortit avec une autre sous les objectifs vigilants des envoyés spéciaux de Paris Match ?

Les reporters ? Si les photos sont anonymes, pas de crédit pour chacune d’elles, ils sont nommés. Il y a Jean-Paul Penez, Marie-Charlotte Pedrazzini[i], Raymond Van der Plassche, Claude Azoulay, Jack Garofalo (1923-2004), Gérard Géry (1925-2013), François Gragnon, Philippe Le Tellier, Raymond Van der Plassche, Jacques de Potier (1925-2006).

Le reportage qui suit celui du royal mariage compte dix pages de photos et deux de texte. Il est signé Georges Menant et les photos sont de Denis Merlin. Le sujet ? « Lumière sur les Etrusques : les tombeaux revivent » ! « Voici endormi il y a 2500 ans dans les collines autour de Rome … ». Comme quoi, Match n’a pas si changé que cela. La grande différence, c’est le nombre de pages accordé à chaque sujet, mais deux sont des évènements.

Alger déchiré

Troisième grand sujet du numéro, la guerre d’Algérie, que l’on ne nomme pas encore ainsi.  Le reportage s’étale sur 18 pages avec 19 photos noir & blanc ! Mais, il n’est pas mentionné à la Une.  Pourtant la double d’ouverture avertit le lecteur : « Les photos qui seront les plus regardées du monde »… Il y a peu de texte pour expliquer le contexte, des manifestations à la suite du voyage en Algérie du général de Gaulle. Voyage écourté devant l’hostilité des pieds-noirs au moment où l’ONU va débattre de la question algérienne.

 Paris Match écrit : « Mais Alger, capitale est toujours le point de mire. C’est là que nos photographes ont vécu les évènements. »

« Le dimanche de la haine » est couvert par Jack Chargelègue, Gabriel Conesa, Jean-Pierre Biot (1935-2008), Daniel Camus (1929-2008), Charles Courrière (1949-1999), Patrice Habans et Georges Ménager (1929-1994).  Impressionnantes photographies de violence où les photographes sont en première ligne, près, très, très près quand « la fureur bouillonne dans les rues étroites, la synagogue est saccagée ».

La double au couteau de Charles Bonnay[2]

« Attention à la fatma de droite, regardez bien la manche de son veston » avertit l’hebdomadaire attirant l’attention sur la main d’homme et la manche d’uniforme… Tandis que « pour ceux qui fuient leurs maisons pillées c’est la fin de leur Algérie. » Et nous sommes deux avant l’indépendance de l’Algérie.

Michel Puech

 Pour aller plus loin

60 ans, photographes de Paris Match de Benoît Gysemberg avec la collaboration de Guillaume Clavières et de Marc Brincourt Editions de La Martinière – 2009 – 28€

Notes


[1] Marie-Charlotte est la sœur du photojournaliste de Paris Match  Jean-Pierre Pedrazzini tué lors de l’insurrection hongroise de 1956. Elle a écrit « Une passion foudroyée » Ed. Michalon 2000.

[2] Charles Bonnay (1930-1986) photographe de guerre. Il a couvert les guerres d’Indochine et du Vietnam, et celles de l’Amérique centrale. Lire la nécro du NYT :: http://www.nytimes.com/1986/04/30/obituaries/charles-bonnay-dies-french-photographer.html

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