
Ce reportage sur « Madagascar ensanglantée » a été exposé en septembre dernier à Perpignan à l’occasion du festival « Visa pour l’image » où il m’avait particulièrement impressionné. Walter Astrada avait été nominé pour le « Visa d’or news », mais la distinction lui avait échappé de peu au profit du photographe polonais Wojciech Grzedzinski.
Créé en 1994, le prix de Bayeux « récompense un reportage sur une situation de conflit ou ses conséquences pour les populations civiles ou sur un fait d'actualité concernant la défense des libertés et de la démocratie ». Les lauréats des quatre principaux prix (presse écrite, radio, télévision, photos) reçoivent ce soir samedi 10 octobre 2009, 7.600 euros chacun. Une somme non négligeable particulièrement pour un photojournaliste à l’heure où la profession ne cesse de voir les prix des publications de leurs photos diminuer jour après jour.
Walter Astrada, 35 ans, est habituellement basé à Madrid en Espagne quand il ne court pas le monde. Il est né en 1974 en Argentine, à Buenos Aires où il a commencé à photographier pour le quotidien « La Nacion ».A partir de 1999, il voyage au Brésil, au Chili, en Bolivie, au Pérou en séjournant longuement dans chaque pays. Il couvre alors pour différentes agences les événements latino-américains. De 2000 à 2002, il diffuse via Associated Press (AP). En 2004 il part photographier les violences en Haïti à St Domingue et commence à collaborer avec l’Agence France Presse (AFP) pour laquelle il travaille toujours mais en indépendant.
Ces dernières années, installé en Ouganda, il couvre l’Afrique de l’Est : le Kenya, la République Démocratique du Congo etc.. Au Kenya, il a suivi les élections et les affrontements qui ont suivi. Pour ce reportage il a été honoré par le World Press Photo.

En février dernier, l’Agence France Presse l’envoie à Madagascar. Il croit arriver « après la bataille », en raison d’un voyage pénible et long, Walter Astrada arrive à Antananarivo en pleine crise politique. L’opposant Andry Rajoelina s’étant proclamé en charge du pays, le président Ravalomanana riposte et fait appel à sa garde présidentielle qui tire sur les manifestants pour écraser la rebellion. Tous les envoyés spéciaux sont repartis croyant la crise terminée. Walter, seul photographe étranger présent, pour couvrir les événements sanglants du 7 février. « J’ai vu des manifestants s’effondrer, touchés par des balles alors qu’ils détalaient devant la garde présidentielle qui avait ouvert le feu sans sommation.» Il restera sur place jusqu’au 18 février. C’est lors de ce bain de sang que Walter Astrada réalise avec un courage insensé les images pour lesquelles il reçoit aujourd’hui le prix photo des correspondants de guerre décerné à Bayeux.
Michel PuechTous droits réservés pour le texte et les photographies.
Issy-les-Moulineaux le 10 octobre 2009Pour aller plus loin
Le site personnel de Walter Astrada
Agence France Presse - AFP PHOTO
Remerciements
- Walter Astrada, l'AFP et Visa pour l'image pour les photos de Madagascar
- Geneviève Delalot pour les photos de Visa pour l'image 2009