
Madame,
Je ne vous connais pas plus que tout téléspectateur, mais je suis scandalisé par l’accusation de « faute grave » dont TF1 vous accable.
J’étais devant mon poste, exceptionnellement ce jour là, pour la « grande messe » cathodique de TF1. Je vous ai vue, en direct de la Drôme annoncer la mort d’un enfant disparu la veille "de source officieuse mais malheureusement sans doute certaine".
En écoutant le journal de 22 heures, de France Culture, j’ai compris que vous alliez, Madame, payer très cher votre souci professionnel d’être au plus près de la vérité à l’instant présent.
Un confrère qui connaît bien les mœurs du monde de la télévision m’a dit, avec l’élégance qui caractérise nos propres d’entre-hommes : « Depuis le temps qu’ils voulaient la virer la vieille ! »
Lorsque vous déclarez au Nouvel Observateur à propos de la sanction qui vous touche : "Elle m'est d'autant plus incompréhensible que j'ai servi TF1 pendant plus de trente années avec une fidélité et une loyauté absolues", permettez-moi Madame, de vous féliciter d’avoir su garder une telle fraîcheur d’âme dans un monde de brutes aux cerveaux loués. Vous viviez dans la jungle, en vous croyant dans un salon !
Jadis, les patrons de presse s’honoraient de défendre, coûte que coûte, contre vents et marées, leurs journalistes, y compris quand ceux-ci, emportés par l’ambiance de l’action commettaient des bévues. Aujourd’hui, en presse écrite, comme en radio ou en télévision, on ne vous pardonne plus une ride.
Moralité: quand le cheveux blanc dans la soupe, permet - en plus - d'économiser des indemnités, il n'y a pas de raison de se géner.
Voilà, Madame, votre seule faute est d'avoir voulu "tout donner", et la raison pour laquelle je suis de tout cœur à vos côtés.