Depuis 1980, le mois de la photo draine le monde de la photographie : les amateurs, les photographes mais surtout les galeristes et les collectionneurs venus du monde entier. Chez Christie’s, 65 clichés de Richard Avedon atteignent 5,4 M€ et chez Sotheby’s, 101 lots d’œuvres diverses partent pour 2.7 M€. Folie ?
Richard AVEDON Stephanie Seymour - argentique 145x115cm (1992) adjugée 80000€
Fasciné, le photographe Michel Baret de l’agence Gamma-Rapho a assisté pour « A l’œil », pour vous, à la vente de chez Sotheby’s Paris le 19 novembre dernier.
Ambiance : « Mesdames, Messieurs… Rapidement pour 15 000 Euros ». La salle est feutrée. Impossible de photographier les acheteurs : Michel Baret a signé un engagement sur ce point. On voit donc ici, ce qui s’offre aux collectionneurs et/ou investisseurs.
La vente démarre doucement et la commissaire dit « Attention ! Je vais vendre maintenant, c’est bien vu ? »
Elle répète « C’est bien vu ? » Silence dans la salle. Derrières les écrans, du personnel est en ligne avec les acheteurs par téléphone. Une rangée de scrutateurs détecte le moindre geste dans le public…
« Au-delà de 15000 ? » interroge la commissaire.
Elle regarde les acheteurs : « Personne au téléphone ou devant l’écran d’ordinateur ? Allons… La surenchère est de 500 € de plus seulement ! » s’exclame-t-elle sur un ton réprobateur.
« 28 000 €… Toujours avec Julia (ndlr : qui est avec un acheteur au téléphone). Que fait-on Julia pour 28 000 € ? » Elle répète en anglais international et phonétique : touenti ait tousen, sans doute pour que tout le monde comprenne bien.
Une main se lève. « Que fait-on Monsieur ? Pour 30 000 € ? »… L’affaire n’est pas nette. La commissaire reprend « C’est oui je prends ou non, je renonce ? ». Le Monsieur renonce. La commissaire reprend :« Julia contre vous tous dans la salle ! ». Elle répète : « Contre vous tous dans la salle! »
Heinrich Huhn (1920) Etude de nu, au second plan sur le mur : La chauve- souris de Nick Veasy (2006) 118x118cm n'a pas dépassé les 2 500 € alors que la mise à prix était de 3 000€
Derrière le personnel qui scrute la salle, un portrait de Picasso par Irving Penn (1957)
Le commissaire priseur madame Cécile Verdier, à sa droite une photo d'Albert Watson du mannequin Naomi Campbell à Palm Springs en 1989 mise à prix 12 000 €
Julia et ses collègues en relation par téléphone et par Internet avec les clients sous l'oeil de Picasso.
Le zèbre de Balthasar BURKHARD (2000), tirage argentique 113x80cm adjugé 10 000 €
Helmut Newton lot 121 pour 9 000 €
Au final, les lots vendus par Sotheby’s à la galerie Charpentier ont totalisé 2,7 millions €. Selon Simone Klein, directrice du département de photographies chez Sotheby’s : «Le succès renouvelé de notre exposition et les excellents résultats obtenus aujourd’hui récompensent la stratégie de notre maison qui pour la troisième fois proposait une vente au moment de Paris Photo. Nous sommes particulièrement heureux des records atteints par Josef Sudek et Manuel Alvarez Bravo et fiers que l’oeuvre emblématique du photographe allemand d’avant-garde Heinz Hajek-Halke soit aujourd’hui reconnue par le marché international de la photographie. Les prix atteints par les oeuvres vintage de la même époque ont confirmé que le marché international reste fort pour les oeuvres de cette époque. »
Les deux plus hautes enchères de la vente ont récompensé les tirages du photographe tchèque Josef Sudek, artiste très novateur pour son époque. La couverture choisie pour le catalogue de la vente, Etude de nature morte, 1952, a battu à 300 750 € le record pour l’artiste, et Glass with Dead Rose a été disputée jusqu’à 228 750 € contre une estimation haute de 18.000 €.
Parmi les photographies contemporaines, Irving Penn (1917-2009) reste l’un des photographes les plus admirés dont l’oeuvre comprend deux mystérieux portraits de Pablo Picasso, réalisés à Cannes en 1957, l’un vendu 54 750 € et l’autre 36 750 €.
Résumé tout à fait subjectif et partial : les photographes morts se vendent mieux que les vivants. Un miroir de l’époque ?
Reportage photo Michel Baret
Légendes Michel Puech
Paris le 25 novembre 2010
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A l'oeil , s'intéresse essentiellement au photojournalisme, à la photographie comme au journalisme, et à la presse en générale. Il est tenu bénévolement par Michel Puech, journaliste honoraire (carte de presse n°29349) avec la collaboration de Geneviève Delalot, et celle de nombreux photographes, journalistes, iconographes et documentalistes. Qu'ils soient ici tous remerciés.Tous les textes et toutes les photographies ou illustrationssont soumis à des droits, en particulier, d'auteurs. Aucune reproduction même partielle n'est autorisée hormis le droit de citation conformément à la loi française. Pour d'éventuelles reproductions veuillez prendre contact. Vous pouvez retrouver A l'oeil sur Facebook, et sur le site de Michel Puech.
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