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Billet de blog 27 octobre 2008

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Exposition Khaldei, photoreporter en l’URSS

Berlin 2 mai 1945 - Photogaphie E.Khaldei/FotoSoyus/Mark-Grosset-Photographies"Le drapeau rouge flotte sur le Reichtag" est au mur de la "salle des guichets" de la BNP-Paribas au Luxembourg. Une centaine d’autres photographies du reporter est exposée depuis le 16 octobre, et jusqu’au 28 novembre, dans le hall de la banque au Luxembourg.

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Berlin 2 mai 1945 - Photogaphie E.Khaldei/FotoSoyus/Mark-Grosset-Photographies

"Le drapeau rouge flotte sur le Reichtag" est au mur de la "salle des guichets" de la BNP-Paribas au Luxembourg. Une centaine d’autres photographies du reporter est exposée depuis le 16 octobre, et jusqu’au 28 novembre, dans le hall de la banque au Luxembourg.

"Evgeni (Yevgeny) Khaldei (1917-1997) s’est imposé à moi" écrit Mark Grosset dans la monographie qu’il lui a consacré en 2004, « car mis à part sa photographie emblématique des soldats russes sur les toits du Reichstag à Berlin le 2 mai 1945, le reste de son œuvre n’est connu que de quelques initiés. Et encore, ne s’agit-il que de quelques unes de ses photos de la seconde guerre mondiale. Très impressionné par son expérience de la guerre, Khaldei avait naturellement tendance à

privilégier ses photos de cette période. »

Exposition Khaldei/ - Photographie Michel Puech

En 1995 Mark Grosset (1957-2006) qui a débuté son étude des auteurs de la photographie russe et soviétique en 1988, grâce à la galeriste Marie-Françoise George, assiste à la rencontre historique organisée par Jean-François Leroy entre Evgueni Khaldei et Joe Rosenthall au festival de photojournalisme Visa pour l’image à Perpignan.

Joe Rosenthal, auteur du cliché historique représentant les soldats américains plantant la bannière étoilée sur l’île d’Iwo Jiwa le 26 février 1945, fait la connaissance d’Evgueni Khaldei qui immortalise la reddition des nazis le 2 mai 1945 avec son « Drapeau rouge flotte sur le Reichtag ».

Mais ce qui passionne alors Mark Grosset, ce n’est pas tant « la grande guerre », mais la vie ordinaire dans l’ex-URSS. Il se lance alors dans une collecte effrénée et minutieuse de documents. Il rend visite aux photographes vivants, court les marchés aux puces… De 1988 à 2004, il va faire un nombre incalculable de voyages en Russie, habitera pendant des semaines un petit appartement de banlieue partagé avec un photographe, passera de nombreuses journées avec ses amis de l’Union des photographes russes.

Photographie E.Khaldei / Collection Mark Grosset

Depuis leur rencontre a Visa pour l’image, Khaldei est, avec Mark Markov-Grinberg, au cœur de son travail d’historien de la photographie soviétique. Chez Khaldei, ce n’est pas seulement le photographe officiel qui le passionne, mais surtout le photographe banni de nombreuses années durant, puisque juif.

Le photographe nous fait certes « pénétrer dans les tourbillons de l’histoire soviétique» écrit Mark Grosset qui poursuit « Khaldei aimait à rappeler que de Staline à Eltsine, tous les dirigeants du pays étaient passés devant son objectif ». Mais ce qu’il cherche lui Mark Grosset, le fils de Barbara et Raymond Grosset (fondateur de l’agence Rapho), lui Mark le « vendeur de photos » débutant sa vie professionnelle chez « le grand turc » Göskin Sipahioglu fondateur de Sipa press, lui Mark Spencer le « picture-editor » de La Compagnie des Reporters, le patron de la filiale Black Star France, le directeur de Rapho, c’est, cette autre photographie, que l’on nomme souvent « humaniste » et qui est tout simplement la photographie de la vie. Mark Grosset cherche derrière les images de propagande, la vérité du photographe.

Exposition Khaldei/ - Photographie Michel Puech

Après la mort d’Evgeni Khaldei, il propose à Anna et Leonid, ses deux enfants, de lui confier l’intégralité des négatifs de leur père. Commence alors un travail titanesque de réédition de toute l’oeuvre du photographe « des dizaines de milliers de négatifs, non conservés en bandes, sans planche contact, dans un rangement aléatoire consistant principalement en de petites enveloppes, contenant chacune un à cinq négatifs seulement. Après dix-huit mois et plus de quinze séjours en Russie, installé dans les bureaux de l’Union des photographes j’avais enfin fini de voir tous les négatifs» écrit-il dans la préface de « Khaldei un photoreporter en Union soviétique » monographie richement illustrée et publiée - hélas uniquement en français -aux Editions du Chêne.

Depuis notre première rencontre, en 1980 et notre collaboration à la Compagnie des Reporters, Mark et moi avons eu une relation amicale. Une de ces amitiés affectueuses et basée sur l’échange professionnel. Je peux donc témoigner de mon incrédulité au début de sa quête en URSS, de mon inquiétude parfois, mais surtout de l’énorme travail qu’il a accompli avec une obstination quasi caractérielle, jusqu'à son dernier souffle, peu avant la parution du livre « Les années Staline » avec Nicolas Werth.

A chaque retour de Moscou, il était heureux comme un gosse de montrer les cadeaux et les emplettes qu’il avait faits. « Tu vois cette photo ? On dirait New York ! Eh non c’est Moscou ! ». Et une photographie de joie de vivre à la main : « Tu t’imagines qu’ils n’avaient rien à manger à l’époque » ou bien, montrant une revue bolchévique « Regarde l’élégance de cette maquette ». Son combat était de sortir de l’ombre des chefs d’œuvre comme ces photographies d’Evgeni Khaldei que l’on peut voir dans son ouvrage ou dans la collection.exposée en ce moment au Luxembourg.

Cette exposition est très émouvante pour tous ceux qui s’intéressent à la période soviétique, à cet « autre côté du rideau de fer » et, évidemment aux amateurs de photographie d’une façon générale ; ce sont des documents. Grâce à la fondation belge Calypsor dont le but est « la découverte de trésors inédits » nichés dans des collections privées, et, grâce à l’hospitalité de la banque BNP-Paribas qui offre un cadre exceptionnel et piquant à cette exposition, les visiteurs peuvent découvrir à côté de quelques photos de guerre, une majorité d’images de la vie des femmes et des hommes du monde communiste.

Il y a même une amusante photographie de « bébé bailleur », face à l’entrée de la salle des coffres.

Michel Puech

Voir l’exposition

BNP PARIBAS LUXEMBOURG

10a, boulevard Royal

L-2093 Luxembourg

Exposition ouverte au public du lundi au vendredi de 8h30 à 16h15

Aller plus loin

Khaldei, photoreporter en Union Soviétique

Auteur Mark Grosset

Editions Le Chêne – 2004

(Epuisé – Occasion en ligne autour de 15 Euros à saisir)

Les années Staline

Auteurs : Nicolas Werth et Mark Grosset

Edition Le Chêne – 2005 – 49,90 Euros

Die Ära Stalin Leben in einer totalitären Gesellschaft.

Auteurs: Mark Grosset et Nicolas Werth

Éditeur: Theiss – 2008-10-27

Web

Mark Grosset Photographies

Tous mes billets ou il est question de Mark Grosset

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